Poème 'Fultus hyacintho' de Charles-Marie LECONTE DE LISLE dans 'Poèmes antiques'

Fultus hyacintho

Charles-Marie LECONTE DE LISLE
Recueil : "Poèmes antiques"

C’est le roi de la plaine et des gras pâturages.
Plein d’une force lente, à travers les herbages
Il guide en mugissant ses compagnons pourprés
Et s’enivre à loisir de la verdeur des prés.
Tel que Zeus, sur les mers portant la vierge Europe,
Une blancheur sans tache en entier l’enveloppe.
Sa corne est fine, aux bouts recourbés et polis,
Ses fanons florissants abondent à grands plis,
Une écume d’argent tombe à flots de sa bouche,
Et de longs poils épars couvrent son oeil farouche.
Il paît jusques à l’heure où, du Zénith brûlant,
Midi plane, immobile, et lui chauffe le flanc.
Alors des saules verts l’ombre discrète et douce
Lui fait un large lit d’hyacinthe et de mousse,
Et, couché comme un Dieu près du fleuve endormi,
Pacifique, il rumine, et clôt l’oeil à demi.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Trois lions joueurs
    -------------------------

    Trois petits lions joueurs sous le grand soleil rude,
    Sans nul souci du temps qui coule au sablier,
    Sans un soupçon d’ennui, sans nulle lassitude,
    S’amusent sur la place à des jeux oubliés.

    Or, cette activité n’est jamais inféconde ;
    Oublieux du malheur qui pourrait survenir,
    Ils apprennent ainsi à savourer le monde,
    Et, quand ils seront vieux, quels charmants souvenirs !

    Je reste à regarder ces lionceaux pacifiques,
    Tâchant d’interpréter leur jeu mystérieux,
    Qui, peut-être, est repris des traditions antiques
    Apprises dans l’Eden, sous le regard de Dieu.

  2. Complainte du taureau vieillissant
    --------------------------------------

    Cinq vaches dans l’enclos, mais parfois davantage ;
    Et l’âge a déjà bien refroidi mon ardeur ;
    Profiter de la vie, éviter la douleur,
    C’est tout ce qui importe aux taureaux de mon âge.

    D’après le paysan, j’ai vieilli sans dommage
    Et sans être affecté par de trop grands malheurs ;
    Mon coeur ne brûle plus des anciennes fureurs,
    Faibles sont mes succès, timide est mon courage.

    Je ne reconnais plus les airs que j’ai chantés ;
    Je ne m’enflamme plus quand on vient me tenter,
    Or, cet épuisement n’est pas sujet de plainte.

    La loi de l’éleveur me rendit amoureux ;
    Et je vécus ainsi, acceptant la contrainte,
    Rêvant même, parfois, que j’en étais heureux.

Rédiger un commentaire

Charles-Marie LECONTE DE LISLE

Portait de Charles-Marie LECONTE DE LISLE

Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul dans l’Île Bourbon et mort le 17 juillet 1894 à Voisins, était un poète français. Leconte de Lisle passa son enfance à l’île Bourbon et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris. Après quelques velléités lors des événements de 1848, il renonça... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS