France, mère des arts, des armes et des lois
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau.Las, tes autres agneaux n’ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
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Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
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- France, mère des arts, des armes et des lois
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Que les loups se privent de vent
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De l’implacable hiver nous connaissons les lois,
Et des quatre saisons l’alternance éternelle ;
Les loups, quand ils ont faim, ne grognent ni n’appellent,
Il avancent, pensifs, vers le fond des grands bois.
Un corbeau magicien les nourrit quelquefois,
Mais le reste du temps, la nature est cruelle ;
Or, ces vieux loups entre eux n’ont aucune querelle,
Ils parlent de leur sort sans élever la voix.
On les voit, certains jours, errer parmi la plaine
Qu’ils réchauffent un peu, de leur brûlante haleine,
Ces carnassiers n’ayant que les os et la peau.
Plusieurs d’entre eux mourront par faute de pâture,
Abandonnant leur corps à la blanche froidure ;
Les autres tenteront d’attaquer un troupeau.
Chaton adopté
Tout juste abandonné, en dépit de la loi,
Alors qu’il ne peut pas se passer de mamelles,
Un chaton apeuré et affamé, appelle ;
Son miaulement plaintif s’entend dans tout le bois.
Une sorcière âgée, aussi sans loi ni foi
(La femme est réputée pour être fort cruelle,
Malheur aux inconscients qui lui cherchent querelle),
Enfourche son balai et vole vers la voix.
En vue d’une potion contre une châtelaine,
Qui lui a reproché d’avoir mauvaise haleine,
Elle le prend à bord en saisissant sa peau.
Mais l’engin, au retour, choit dans une pâture,
Lui, seul, survit au crash, il lèche ses blessures,
Puis des vaches l’allaitent au cœur de leur troupeau.
Arbre métaphysicien
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L’univers a de strictes lois,
Aucune vie n’est éternelle ;
Vous saurez que les gens m’appellent
L’arbre méditant de ces bois.
Je m’interroge quelquefois
Sur cette nature cruelle ;
Je n’en fais pas une querelle,
Moi qui suis un être sans voix.
Je vois la montagne et la plaine
Que je ne trouve pas vilaines ;
Je vois les chiens et les troupeaux.
À tous Dieu donne leur pâture,
Dans la chaleur, dans la froidure,
Dans les forêts, dans les tripots.