Poème 'Fleur d’Art' de Tristan CORBIERE dans 'Les Amours jaunes'

Fleur d’Art

Tristan CORBIERE
Recueil : "Les Amours jaunes"

Oui – Quel art jaloux dans Ta fine histoire !
Quels bibelots chers ! – Un bout de sonnet,
Un coeur gravé dans ta manière noire,
Des traits de canif à coups de stylet. –

Tout fier mon coeur porte à la boutonnière
Que tu lui taillas, un petit bouquet
D’immortelle rouge – Encor ta manière –
C’est du sang en fleur. Souvenir coquet.

Allons, pas de pleurs à notre mémoire !
– C’est la mâle-mort de l’amour ici –
Foin du myosotis, vieux sachet d’armoire !

Double femme, va !… Qu’un âne te braie !
Si tu n’étais fausse, eh serais-tu vraie ?…
L’amour est un duel : – Bien touché ! Merci.

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Commentaires

  1. Repreneurs de poèmes
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    Quelques vers pour dire une belle histoire,
    Et le plus souvent, ça forme un sonnet.
    Une idée limpide, un peu d’encre noire,
    Deux ou trois oiseaux dansant un ballet ;

    Un trait d’espérance, un jeu de mémoire,
    Quelques fleurs formant un joli bouquet ;
    Ni d’argent, ni d’or (on n’est pas coquet),
    De vieux ornements trouvés dans l’armoire.

    L’étoile en papier à la boutonnière,
    Papier recyclé, on est vert, ici ;
    Un gentil poème à notre manière,

    Sur le tableau noir, une oeuvre à la craie,
    Bien imaginaire, et ça la rend vraie :
    Aux inspirateurs, nous disons merci.

  2. Fleur des loups d’azur
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    Fleur de gueules, par ta présence,
    Tu rassures ces deux loups bleus :
    Car ils furent tes amoureux,
    De Mai cet amour prit naissance.

    Comment vivront-ils ton absence,
    Et qui donc fleurira pour eux ?
    Ils resteront seuls, tous les deux,
    Ayant de toi la souvenance.

    Ni la pensée, ni le souci
    Ne viendront consoler ici
    Ces pauvres âmes oppressées ;

    Des loups, cet amoureux savoir
    N’a pas fait que les décevoir :
    Jamais ils ne t’ont délaissée.

  3. Canard poétique
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    J’aime ce canard, il sait des histoires,
    Parfois gratinées, je le reconnais ;
    Je m’en suis servi pour quelques sonnets,
    Ou pour d’autres vers, la chose est notoire.

    Ayant pauvre sens et pauvre mémoire,
    Mon art poétique est fort imparfait ;
    Les mots du canard me sont un bienfait,
    Et ses manuscrits dans ma grande armoire.

    Nous buvons ensemble en notre tanière,
    Ma muse s’amuse et la sienne aussi ;
    Nous les entraînons sous notre bannière.

    Des livres anciens posés sur la table,
    Les auteurs nous sont amis véritables ;
    Il serait trop long d’en parler ici.

  4. Bannière familière
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    Voici notre emblème imprégné de gloire,
    Dans cette contrée, chacun le connaît ;
    Au temps où Roland de son cor sonnait,
    Nous portions déjà ce pennon notoire.

    Or, le voici donc objet de mémoire,
    Quand nous en parlons, c’est à l’imparfait ;
    La Grande Paix règne, et c’est un bienfait,
    Mais n’oublions pas nos leçons d’Histoire.

    Faisons-en des vers à notre manière,
    Les jongleurs d’antan chantèrent ainsi ;
    Dédicaçons-les à nos tavernières.

    Dans l’âtre, du feu ; du vin sur la table,
    Dans notre avenir, rien de redoutable ;
    Muse du foyer, viens t’asseoir ici...

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