Flambeaux Latoniens, qui d’un chemin divers…
Extrait du Cinquième Jour
Flambeaux Latoniens, qui d’un chemin divers
Or’ la nuict, or’ le jour guidez par l’Univers,
Peres du temps ailé, sus, hastez vos carrieres,
Franchissez vistement les contraires barrieres
De l’aube et du ponant : et par vostre retour
L’imparfait Univers faites plus vieil d’un jour.
Vous poissons, qui luisez dans l’escharpe estoilee,
Si vous avez desir de voir l’onde salee
Fourmiller de poissons, priez l’astre du jour
Qu’il quitte vistement le flo-flotant sejour :
S’il veut qu’en refaisant sa course destinee
Vous le logiez chez vous un mois de chasque annee.
Et toy, Pere eternel, qui d’un mot seulement
Acoises la fureur de l’ondeux element :
Toy qui, croulant le chef, peux des vents plus rebelles
Et les bouches bouscher, et desplumer les ailes :
Toy grand Roy de la mer, toy dont les hameçons
Tirent vifs les humains du ventre des poissons :
Pourvoy moy de bateau, d’Elice, et de pilote,
Afin que sans peril de mer en mer je flote.
Ou plustost, ô grand Dieu, fais que, plongeon nouveau,
Les peuples escaillez je visite sous l’eau :
Afin que degoutant, et chargé de pillage
Je chante ton honneur sur le moite rivage.
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Guillaume de Salluste DU BARTAS
Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas ou plus simplement Guillaume du Bartas, né en 1544 à Monfort, près d’Auch (Gers), et mort le 28 août 1590 à Mauvezin, est un écrivain et poète français qui fut très en faveur auprès des lecteurs jusqu’au XVIIe siècle. Guillaume du Bartas, fils de François de Salluste et de... [Lire la suite]
Scribe en sa cellule
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Ma plume écrit sur des sujets divers,
Au point du jour est ma muse éveillée ;
Devant elle est mon âme agenouillée,
Puis ces deux-là parlent à coeur ouvert.
J'ai traversé de fort nombreux hivers
Dans ce réduit, cellule dépouillée ;
Le souffle court, la carcasse rouillée,
Je suis en paix avec mon univers.
Tant que j'aurai des rimes dans la tête,
Je les dirai, pour moi c'est une fête ;
Pour les soigner je fais quelques efforts.
Les grands auteurs qui m'ont servi de guides,
Je les admire, ils furent intrépides ;
Je ne pourrai jamais être aussi fort.
Débat d’un scribe avec soi-même
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Sur les thèmes les plus divers
Sont mes deux cervelles brouillées ;
Soit dormantes, soit éveillées,
Cent débats elles ont ouverts.
Sur la forme de l’univers,
Sur des citations grappillées ;
Mille questions ainsi fouillées
Sans relâche, été comme hiver.
C’est un fléau d’avoir deux têtes
Et mon coeur n’est pas à la fête,
Ça lui demande trop d’efforts.
Calmez-vous donc, cervelles vides ;
Accordez-vous, soyez lucides,
Vous en aurez plus de confort.