Poème 'Fin du monde' de Guillaume de Salluste DU BARTAS

Fin du monde

Guillaume de Salluste DU BARTAS

Un jour de comble en fond les rochers crouleront,
Les monts plus sourcilleux de peur se dissoudront,
Le ciel se crèvera, les plus basses campagnes
Boursouflées croîtront en superbes montagnes,
Les fleuves tariront, et si dans quelque étang
Reste encore quelque flot, ce ne sera que sang,
La mer deviendra flamme…,
En son midi plus clair le jour s’épaissira,
Le ciel d’un fer rouillé sa face voilera,
Les étoiles cherront ; le désordre, la nuit,
La frayeur, le trépas, la tempête, le bruit
Entreront en quartier, et l’ire vengeresse
Du juge criminel qui jà déjà nous presse
Ne fera de ce tout qu’un bûcher flamboyant,
Comme il n’en fit jadis qu’un marais ondoyant.
…C’est alors, c’est alors, ô Dieu, que ton fils cher,
Qui semble être affublé d’une fragile chair,
Descendra glorieux des voûtes étoilées.
À ses flancs voleront mille bandes ailées,
Et son char triomphal, d’éclairs environné,
Par Amour et Justice en bas sera traîné.
Ceux qu’un marbre orgueilleux presse dessous sa lame,
Ceux que l’onde engloutit, ceux que la rouge flamme
Éparpille par l’air, ceux qui n’ont pour tombeaux
Que les ventres gloutons des loups et des corbeaux,
Éveillés, reprendront, comme par inventaire,
Et leurs chairs et leurs os : orront devant la chaire
Du Dieu qui, souverain, juge en dernier ressort
L’arrêt définitif de salut, ou de mort.
L’un t’éprouvera doux, l’autre armé de justice ;
L’un vivra bienheureux, l’autre en cruel supplice…

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