Fable
« Que je suis bien sous mon ciel de cristal !
À me nourrir la terre est épuisée ;
À moi chaleur et lumière et rosée :
Certes, je suis un noble végétal ! »
Ainsi parlait maint cornichon sous verre :
Le jardinier passe, et, d’un ton sévère,
À ces vantards dit : « Taisez-vous, mes fils :
Un coup de vent peut briser votre cloche ;
Vous mûrissez, et le bocal approche ;
Encore un jour, et vous serez confits. »Hélas ! hélas ! philosophe, astronome,
D’un ciel étroit coiffés, quand nous marchons,
Fiers et clamant : « L’homme est tout, gloire à l’homme ! »
Dieu tonne et dit : « Taisez-vous, cornichons ! »
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Hégésippe MOREAU
Hégésippe Moreau est un écrivain, poète et journaliste français, né et mort à Paris (8 avril 1810 – 20 décembre 1838). Inscrit à l’état civil sous le nom de Pierre-Jacques Roulliot, il porte dès son enfance le nom de son père naturel et adopte le pseudonyme d’Hégésippe en publiant ses premiers vers à Paris en... [Lire la suite]
Endormis par sept boules de cristal,
Sept grands savants, toute force épuisée
Par la magie qui leur est imposée,
Sont retournés à l'état végétal.
Très loin de là, c'est un morceau de verre
Dont, pour allumer le bûcher sévère,
L'éclat de flamme au chaud soleil suffit,
Mais on perçoit quelque chose qui cloche :
Dévorant l'astre, un monstre noir s'approche,
Porteur d'angoisse et porteur de défi.
C'est un truc bien connu des astronomes ;
En le lisant, bon public, nous marchons.
Plus loin encore, on voit errer deux hommes,
Deux policiers (plutôt, deux cornichons).
Fables et rencontres
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La fable dit les rencontres galantes,
Les vains remords et les vaines amours ;
À de tels vers Cupidon n’est pas sourd,
Qui plaisent à sa malice volante.
La vie commune est parfois éprouvante,
La solitude est un morne séjour ;
Et tout cela doit nous quitter, un jour,
Car éphémère est toute âme vivante.
D’y réfléchir je ne peux me lasser,
Mais d’en parler, faudrait-il s’empresser ?
Sans avancer, mon esprit se démène.
Ce qui existe, à son tour, passera,
La vie d’un homme ou bien celle d’un rat ;
Rien n’y feront les paroles humaines.