Été
À Francis Vielé-Griffin.
Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche,
Ô mer! Éparpillée en mille mouches sur
Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche,
Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur;Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace
Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux,
Où crève infiniment la rumeur de la masse
De la mer, de la marche et des troupes des eaux,Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses
Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil,
Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses,
Bercez l’enfant ravie en un poreux sommeil!Dont les jambes (mais l’une est fraîche et se dénoue
De la plus rose), les épaules, le sein dur,
Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue
Brillent abandonnés autour du vase obscurOù filtrent les grands bruits pleins de bêtes puisées
Dans les cages de feuille et les mailles de mer
Par les moulins marins et les huttes rosées
Du jour… Toute la peau dore les treilles d’air.
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Paul VALÉRY
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Né d’un père d’origine corse et d’une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète (alors orthographiée Cette) chez les... [Lire la suite]
Amphore lumineuse
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Verte dans la lumière blanche,
L’argile reflète l’azur ;
Immobile sur le sol dur,
C’est moi qui toute soif étanche.
Jour de semaine ou bien dimanche,
Tu boiras, adossé au mur ;
Je contiens un liquide pur
Qui de charmants rêves déclenche.
Cette journée sera splendide,
C’est une offrande du destin ;
C’est de ton bonheur le matin.
Ne me crains point, buveur candide,
Car je t’offre une éternité ;
Tu devras donc en profiter.
Amphore de Dupanloup
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De ce vin l'évêque
Tire sa virilité
Puis sa bonne humeur.
Consécration
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Un peu de cognac
Pour le rouge cardinal,
Il rougit encore.