Étendards – À Nîmes
A Émile Léonard.
Je me suis engagé sous le plus beau des cieux
Dans Nice la Marine au nom victorieuxPerdu parmi 900 conducteurs anonymes
je suis un charretier du neuf charroi de NîmesL’Amour dit Reste ici Mais là-bas les obus
Épousent ardemment et sans cesse les butsJ’attends que le printemps commande que s’en aille
Vers le nord glorieux l’intrépide bleusailleLes 3 servants assis dodelinent leurs fronts
Où brillent leurs yeux clairs comme mes éperonsUn bel après-midi de garde à l’écurie
J’entends sonner les trompettes d’artillerieJ’admire la gaieté de ce détachement
Qui va rejoindre au front notre beau régimentLe territorial se mange une salade
À l’anchois en parlant de sa femme malade4 pointeurs fixaient les bulles des niveaux
Qui remuaient ainsi que les yeux des chevauxLe bon chanteur Girault nous chante après 9 heures
Un grand air d’opéra toi l’écoutant tu pleuresJe flatte de la main le petit canon gris
Gris comme l’eau de Seine et je songe à parisMais ce pâle blessé m’a dit à la cantine
Des obus dans la nuit la splendeur argentineJe mâche lentement ma portion de boeuf
Je me promène seul le soir de 5 à 9Je selle mon cheval nous battons la campagne
Je te salue au loin belle rose ô tour Magne
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Guillaume APOLLINAIRE
Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary de Wąż-Kostrowicki, est un écrivain français (né polonais, sujet de l’Empire russe), né le 26 août 1880 à Rome et mort le 9 novembre 1918 à Paris. C’est l’un des plus grands poètes français du début du XXe siècle, auteur notamment... [Lire la suite]
- Obus couleur de lune - L'espionne
- Lueurs des tirs - Tourbillon de mouches
- Lueurs des tirs - Chant de l'horizon en...
- Case d'Armons - Les soupirs du servant de...
- Obus couleur de lune - Aussi bien que les...
- Lueurs des tirs - L'inscription anglaise
- Ondes - Un fantôme de nuées
- Lueurs des tirs - Refus de la colombe
- Obus couleur de lune - La traversée
- Case d'Armons - Reconnaissance
Nef dansante
-----------------
Petite nef d’argent sous le plus vif des cieux,
Vent du Nord et du Sud te poussent en tous lieux ;
Contre ces vents puissants que les grands dieux animent,
Ton équipage ardent jamais ne s’envenime.
Chantent les matelots, sitôt qu’ils ont bien bu,
Ceux-là qui sont vaillants, ceux-là qui sont fourbus,
On ne sait où on va, mais il faut qu’on y aille,
Contre les éléments, c’est toujours la bataille.
Le noble capitaine est aussi fort qu’un boeuf,
Sa veste est de coton, son pantalon est neuf ;
Si le succès lui vient après cette campagne,
À tous ceux du navire il ofrre le champagne.