Et maintenant que sont tombés les hauts feuillages
Et maintenant que sont tombés les hauts feuillages
Qui tenaient le jardin sous leur ombre abrité,
On voit, à travers le branchage à nu, monter
Là-bas, vers l’horizon, les toits des vieux villages.Tant que l’été darda sa joie, aucun de nous
Ne les a vus groupés non loin de notre porte
Mais aujourd’hui que fleurs et que feuilles sont mortes
Nous y songeons souvent avec des pensers doux.D’autres gens vivent là, entre des murs de pierre,
Derrière un seuil usé que protège un auvent,
N’ayant pour seuls amis que la pluie et le vent
Et la lampe dont luit l’amicale lumière,Dans l’ombre, au soir tombant, quand s’éveille le feu
Et que se tait l’horloge où le temps se balance,
Autant que nous, sans doute, ils aiment le silence
Pour se sentir penser au travers de leurs yeux.Rien ne trouble ni pour eux ni pour nous ces heures
De profonde et tranquille et tendre intimité
Où l’on bénit l’instant qui fut d’avoir été
Et dont celle qui vient est toujours la meilleure.Dites, comme eux aussi serrent l’ancien bonheur
Fait de peine et de joie entre leurs mains qui tremblent
Ils connaissent leurs corps qui ont vieilli ensemble
Et leurs regards usés par les mêmes douleurs.Les roses de leur vie, ils les aiment fanées
Avec leur gloire morte et leur dernier parfum
Et le lourd souvenir de leur éclat défunt
Se frippant, feuille à feuille, au jardin des années.Contre le noir hiver ainsi que des reclus
Ils se tiennent blottis dans leur ferveur humaine
Et rien ne les abat et rien ne les amène
A se plaindre des jours qu’ils ne possèdent plus.Oh 1! les tranquilles gens au fond des vieux villages !
Dites, les sentons-nous voisins de notre coeur !
Et combien, dans leurs yeux, retrouvons-nous nos pleurs
Et notre force et notre ardeur dans leur courage !Ils sont là, sous leur toit, assis autour des feux
Ou s’attardant parfois au bord de leur fenêtre,
Et, par ce soir de vent ample et flottant, peut-être
Ont-ils pensé de nous ce que nous pensons d’eux.
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Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
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- S'il était vrai
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- Lorsque ta main confie, un soir...
- L'Ombre est Lustrale et l'Aurore Irisée
Animaux d'or et d'argent
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C'est un monstre marin, prêchant sous les feuillages.
Parlent de la sagesse en étant abrité ;
On voit, voulant l'ouïr, une foule monter
Le long du raidillon qui dessert le village.
Animaux de métal, bien plus sages que nous,
Vous savez que l'Esprit est près de votre porte,
Que la sainte éloquence est bien loin d'être morte,
Et que l'enseignement est un baume fort doux.
Animaux de métal, entre vos murs de pierre,
Vous vous remémorez ce grand monstre savant,
N’ayant pour formateurs que la pluie et le vent,
Et la lune dont luit l’amicale lumière.