Poème 'Eros (III)' de Rainer Maria RILKE dans 'Vergers'

Eros (III)

Rainer Maria RILKE
Recueil : "Vergers"

Là, sous la treille, parmi le feuillage
il nous arrive de le deviner :
son front rustique d’enfant sauvage,
et son antique bouche mutilée…

La grappe devant lui devient pesante
et semble fatiguée de sa lourdeur,
un court moment on frôle l’épouvante
de cet heureux été trompeur.

Et son sourire cru, comme il l’infuse
à tous les fruits de son fier décor ;
partout autour il reconnaît sa ruse
qui doucement le berce et l’endort.

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Commentaires

  1. Un lutin dans mon domaine
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    Il est vêtu d'anciens feuillages
    Et vit dans un creux de rocher :
    Son père est Pan, vieux Dieu sauvage,
    Sa mère un être au nom caché.

    La vie ne lui est point pesante,
    Son rire n'a pas de lourdeur ;
    Il ne connaît pas l'épouvante,
    Ni ne le trompe aucun trompeur.

    Pendant que ma tisane infuse,
    Je le cherche dans le décor ;
    Mais il a beaucoup trop de ruse,
    Même encore plus quand il dort.

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