Eponge pourrie
Je sens que j’ai perdu l’Art, ma dernière idole,
Le Beau ne m’émeut plus d’un malade transport,
Maintenant c’est fini, car avec l’Art s’envole
Cette extase où parfois le noir Dégoût s’endort.Trente siècles d’ennui pèsent sur mon épaule
Et concentrent en moi leur rage, leur remord,
Mes mains ont désappris le travail qui console,
Pas un jour où, tremblant, je ne songe à la mort.Et je vais enviant l’lnstinct des multitudes,
Je me traîne énervé d’immenses lassitudes,
Altéré de néant et n’espérant plus rien.Pourtant tu bats toujours, cœur que le Spleen dévore!
Si tu pouvais, du moins, en retrouver encore
De ces larmes d’enfant qui me font tant de bien!
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
- Mettons un doigt sur la plaie
- Dimanches (Je ne tiens que des mois)
- Dimanches (Les nasillardes cloches)
- Dimanches (J'aime, j'aime de tout mon...
- Complainte de l'ange incurable
- Complainte des cloches
- Nobles et touchantes divagations sous la Lune
- Cas rédhibitoire (Mariage)
- Litanies des premiers quartiers de la Lune
- La vie qu'elles me font mener
- Rêve (11)
- À Paul Bourget (9)
- Épicuréisme (6)
- Dimanches (N'achevez pas...) (5)
- Complainte-placet de Faust fils (4)
- Complainte du pauvre chevalier-errant (3)
- Autre complainte de l'orgue de barbarie (3)
- Complainte de la Lune en province (3)
- Complainte des pubertés difficiles (3)
- Complainte d'un certain dimanche (3)
Chansons d'hier
-------------------
Reviennent les chansons entendues à l'école,
Dont, derechef, mon âme éprouve des transports.
Le grand Hymne à la joie vers l'horizon s'envole
Et, près de l'Océan, la Bretagne s'endort.
Compère Guilleri se fait arboricole,
Le Père Lustucru vole un chat, sans remords ;
La bergère rencontre un gars qui la console,
Malbrouck a des soldats pour annoncer sa mort.
Chansons, vous qui avez charmé les multitudes,
Vous qui avez vaincu de lourdes lassitudes,
J'aime vos constructions bâties sur trois fois rien.
Les ombres du passé, que vos vers commémorent,
Le soir en mon jardin viennent danser encore ;
Toujours les mêmes mots ; et c'est clair, et c'est bien.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2014/05/19/chansons-dhier/