Épisode
Un soir favorisé de colombes sublimes,
La pucelle doucement se peigne au soleil.
Aux nénuphars de l’onde elle donne un orteil
Ultime, et pour tiédir ses froides mains errantes
Parfois trempe au couchant leurs roses transparentes.
Tantôt, si d’une ondée innocente, sa peau
Frissonne, c’est le dire absurde d’un pipeau,
Flûte dont le coupable aux dents de pierrerie
Tire un futile vent d’ombre et de rêverie
Par l’occulte baiser qu’il risque sous les fleurs.
Mais presque indifférente aux feintes de ces pleurs,
Ni se se divinisant par aucune parole
De rose, elle démêle une lourde auréole;
Et tirant de sa nuque un plaisir qui la tord,
Ses poings délicieux pressent la touffe d’or
Dont la lumière coule entre ses doigts limpides!
… Une feuille meurt sur ses épaules humides,
Une goutte tombe de la flûte sur l’eau,
Et le pied pur s’épeure comme un bel oiseau
Ivre d’ombre…
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Paul VALÉRY
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Né d’un père d’origine corse et d’une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète (alors orthographiée Cette) chez les... [Lire la suite]
Comme un agneau
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Tendre est ce personnage, il parle doucement,
Devant une vestale il se met à genoux ;
Nous sommes donc flattés de l’avoir parmi nous,
Ce seigneur qui jamais n’agira bassement.
Le Roi, qui apprécie ce courtisan charmant,
Dit que les autres sont une meute de loups ;
Certains d’entre eux, bien sûr, en sont un peu jaloux,
Mais ça ne dure pas, son rire est désarmant.
La Princesse n’est point sensible à sa douceur,
C’est pour elle un galant qui manque d’épaisseur ;
Trop tiède, c’est mauvais, comme aurait dit Saint Luc.
Elle cherche un vainqueur un peu moins endormi,
Quelqu’un qui pourrait être un vrai petit ami,
Que ce soit un vicomte ou que ce soit un duc.