Épigraphe pour un livre condamné
Lecteur paisible et bucolique,
Sobre et naïf homme de bien,
Jette ce livre saturnien,
Orgiaque et mélancolique.Si tu n’as fait ta rhétorique
Chez Satan, le rusé doyen,
Jette ! tu n’y comprendrais rien,
Ou tu me croirais hystérique.Mais si, sans se laisser charmer,
Ton oeil sait plonger dans les gouffres,
Lis-moi, pour apprendre à m’aimer ;Ame curieuse qui souffres
Et vas cherchant ton paradis,
Plains-moi !… sinon, je te maudis !
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
Université Paris Saclay
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Que les jours sont bucoliques
Sur ce campus essonnien !
Quelques mathématiciens
Font du calcul symbolique
Et du travail théorique,
Pendant qu’un digne doyen
Administre, l’air de rien,
Les finances pléthoriques.
Mille doctorants, charmés
De bâtir des théorèmes,
Oublient de boire et d’aimer ;
Ce n’est pas un vrai problème :
En post-doc ils partiront,
Et là, se rattraperont.
Barbatusromulus et Remusbarbatus
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Vieillards aux moeurs bucoliques,
« Rom » et « Rem » s'entendent bien ;
Ils ne sont point patriciens,
Pas non plus mélancoliques !
Sous les chapiteaux doriques,
Aucun des deux n'est doyen ;
Comme ils ne manquent de rien,
Ces frangins sont euphoriques.
Les citoyens sont charmés
D'avoir ces deux chefs placides ;
Ils les ont toujours aimés.
Loin des luttes fratricides,
Dans le calme ils vieilliront ;
Les dieux les couronneront.
Le livre du moine
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Au fond d’un décor bucolique,
C’est un vieux moine, il ne fait rien ;
Un petit livre est son seul bien,
Rempli de mots mélancoliques.
Ici, nul texte satirique,
Mais la rime, comme elle vient ;
Les mots entre eux tissent des liens,
Souvent de nature onirique.
Ainsi qu’un soldat désarmé,
Cet anachorète est timide ;
Je vois ses grands yeux se fermer.
Les matins de ce cloître humide
Bien longtemps se répèteront ;
Des rides naîtront sur ce front.