En un petit esquif éperdu, malheureux…
En un petit esquif éperdu, malheureux,
Exposé à l’horreur de la mer enragée,
Je disputais le sort de ma vie engagée
Avec les tourbillons des bises outrageux.Tout accourt à ma mort : Orion pluvieux
Crève un déluge épais, et ma barque chargée
De flots avec ma vie était mi-submergée
N’ayant autre secours que mon cri vers les cieux.Aussitôt mon vaisseau de peur et d’ondes vide
Reçut à mon secours le couple Tyndaride !
Secours en désespoir, opportun en détresse.En la mer de mes pleurs porté d’un frêle corps,
Au vent de mes soupirs pressé de mille morts,
J’ai vu l’astre besson des yeux de ma maîtresse.
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Théodore Agrippa d'AUBIGNÉ
Théodore Agrippa d’Aubigné, né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, et mort le 9 mai 1630 à Genève, est un écrivain et poète baroque français protestant. Il fut aussi l’un des favoris d’Henri IV, du moins jusqu’à la conversion de celui-ci. Théodore décide alors de rédiger la plus grande... [Lire la suite]
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Esquif d’azur
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Le capitaine est pauvre et n’est pas malheureux,
Jamais il ne craignit la sirène enragée ;
En étrange voyage est sa vie engagée,
La barre, il la maintient de son bras vigoureux.
De la mer et du ciel son coeur est amoureux,
Sa nef est élégante et n’est pas trop chargée ;
Son âme en des calculs est bien souvent plongée,
Que lui ont enseignés ses maîtres rigoureux.
Vu de loin, le vaisseau semble une barque vide,
Un pauvre esquif perdu dans un courant perfide ;
Cependant, ce n’est point une épave en détresse.
Il est reconnaissant à son robuste corps,
Même s’il sait qu’un jour il trouvera la mort ;
En attendant, sa nef est sa seule maîtresse.
Traiteur maltraité
Jadis gai, le traiteur n’est plus que malheureux,
À force de manger de la vache enragée ;
Dans son fusil, il a, une balle engagée,
Pour mourir il se sent, quasiment vigoureux.
Depuis l’enfance il est, du métier, amoureux,
Il en vivait très bien, mais les choses ont changées ;
Si la courbe des ventes a à ce point plongée,
C’est qu’un de ses commis n’est plus si rigoureux…
De devenir le chef, l’employé est avide,
Aussi de laxatifs, dissolus dans un fluide,
Il asperge des plats causant bien des détresses.
« Quand ton idiot d’époux perforera son corps,
Et que l’on aura feint de regretter sa mort,
Tu me feras patron ! », dit-il à sa maîtresse.
misquette.wordpress;com