En mer
À ma petite Marie-Jeanne.
L’océan roule en paix sa houle souveraine,
Où, mobile, se joue un reflet de ciel clair :
Et, les ailes au vent, comme un oiseau de l’air,
Notre steamer géant y plonge sa carène.Le soleil radieux s’enfonce dans la mer,
Dorant l’immensité de sa splendeur sereine ;
Sur les flots monte au loin comme un chant de sirène…
Et pourtant, sur ma lèvre erre un sourire amer.Le spectacle est charmant, féerique, unique au monde ;
Mais j’aime mieux les soirs où l’âpre bise gronde
Et dans les grands huniers jette son cri strident ;Ah ! c’est qu’il est trop lent le vaisseau qui m’enlève,
Et que je vois là-bas, loin là-bas, dans mon rêve,
Un doux berceau béni qu’on berce en m’attendant.(1880)
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Louis-Honoré FRÉCHETTE
Louis-Honoré Fréchette (16 novembre 1839 – 31 mai 1908), poète, dramaturge, écrivain et homme politique, est né à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy (Lévis), Québec, Canada. Bien que son père, entrepreneur, soit analphabète, il étudie sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes. De 1854 à 1860, il fait ses études... [Lire la suite]
Biche souveraine
----------
Je suis la Reine des Deux Rives,
Sans limites sont mes pouvoirs ;
J’ai pour amant le Grand Ours Noir,
Mais je ne suis point sa captive.
Je fus errante et fugitive,
Mais l’ours m’offrit un beau manoir ;
Nous parcourons notre terroir,
Ce sont des errances tardives.
En ces heures chacun s’endort,
Sauf un poète, le Vieux Porc,
L’auteur des Stances à la Reine.
Je m’arrête pour l’écouter ;
Il m’offre ses rimes sereines,
Je goûte ses mots veloutés.