En envoyant un pot de fleurs
Minuit au vieux beffroi : l’ombre dort, et la lune
Se joue en l’aile noire et morne dont la nuit,
Sombre corbeau, nous voile. Au ciel l’étoile fuit.
- Mille voix du plaisir voltigent à moi : l’uneM’apporte ris, baisers, chants de délire : suit
Une fanfare où Strauss fait tournoyer la brune
Au pied leste, au sein nu, que sa jupe importune.
- Tes masques ! carnaval ! tes grelots ! joyeux bruit ! -Et moi, je dors d’un oeil, et je vous dis, Marie,
Qu’en son vase embaumé votre fleur est ravie
D’éclore sous vos mains, et tressaille au bonheurDe vivre et se faner un soir sur votre coeur !
- Ah ! d’une aurore au soir dût s’envoler ma vie
Comme un rêve, fleurette, oui, ton sort, je l’envie !
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Stéphane MALLARME
Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898, est un poète français. Auteur d’une œuvre poétique ambitieuse et difficile, Stéphane Mallarmé a été l’initiateur, dans la seconde moitié du XIXe siècle,... [Lire la suite]
Fleurs de la Lune
---------
En ce vétuste herbier sont les fleurs de la Lune,
Tu vois que leurs couleurs illuminent la nuit ;
Mais du coeur de chacun leur souvenir s’enfuit.
Bien peu d’hommes pourront sentir cette lacune.
Quant à leur nom latin, puis tout ce qui s’ensuit,
Il nous parle aussi peu que les antiques runes ;
Carl von Linné trouva cette chose importune,
Car l’exhaustivité, cela comptait pour lui.
Regarde, au fil du temps cette couleur varie,
Éclat miraculeux, fraîcheur jamais tarie,
Cela met dans l’herbier comme un goût de bonheur.
Si les redécouvrait un oisif promeneur,
Au sein de ce cosmos elles reprendraient vie,
Ces fleurs de Séléné que Vénus nous envie.