En battant le beurre
Dans sa grande jatte de grès,
L’Angélique, la belle veuve,
Avec sa crème toute neuve
Fabrique un peu de beurre frais.Ses doigts et sa batte à loisir
Fouettent, pressent, foulent, tripotent,
Tournent, roulent, piquent, tapotent
La crème lente à s’épaissir.Enfin, déjà compacts, les grumeaux s’agglomèrent
Et prennent par degrés leur coloris d’or blond :
Elle aura bientôt fait son pain ovale et rond.
Mais, dévorant des yeux la tentante commère,
En face d’elle, assis à cheval sur sa chaise,
Coude et pieds aux barreaux, voilà que le grand Blaise,
Son soupirant câlin, lui parle à mots si doux,
Que, toute tressaillante à ce regard de faune,
Elle aspire la voix du beau meunier blanc-roux.
Tandis que dans son pot, moins serré des genoux,
S’endort las et distrait son petit bâton jaune.
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Maurice ROLLINAT
Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète français. Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très... [Lire la suite]
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