Du triste coeur vouldrois la flamme estaindre
Du triste coeur vouldrois la flamme estaindre,
De l’estomac les flesches arracher,
Et de mon col le lien destacher,
Qui tant m’ont peu brusler, poindre et estraindre ;Puis l’ung de glace et l’aultre de roc ceindre,
Le tiers de fer apris à bien trencher,
Pour amortir, repousser et hascher
Foeuz, dardz et neuds, sans plus les debvoir craindre.Et les beaux yeulx, la bouche et main polie,
D’où vient chaleur, traict et reth si soubdaine,
Par qui amour m’ard, me poinct et me lye,Vouldrois tourner eulx en claire fontaine,
L’aultre en deux brins de Corail joinctz ensemble,
L’autre en yvoire, à qui elle ressemble.
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Lumière du soir
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La chandelle, avant de s’éteindre,
Paraît chercher un sens caché
Aux vieux papiers un peu tachés,
Sans le découvrir, peut-on craindre.
Un désordre impossible à peindre
Encombre meubles et plancher,
Les étagères fait pencher
Et semble vraisemblance enfreindre.
Chaque verre a son fond de lie,
Chaque table un monceau qui traîne ;
Plus d’une sous la charge plie.
Pareille accumulation vaine,
Pareil bizarroïde ensemble :
C’est à mon coeur que ça ressemble.
En brûlant une chandelle
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La flamme est dangereuse, elle n’est pas mauvaise,
La cire est ingénue, le feu n’est pas sorcier ;
Combien plus menaçants sont les couteaux d’acier
Ou bien la cheminée aux abondantes braises...
Chandelles devant moi, votre lueur m’apaise,
Que me resterait-il si vous me délaissiez ?
Jadis, je fus ermite, et vous me connaissiez,
Puisque vous éclairiez les pages de ma thèse.
La cire est sans secret, le feu n’est pas trompeur,
Lui qui jamais ne peut sombrer dans la torpeur ;
Dans votre doux éclat, la chambre est plus intime.
Sur le froid carrelage, un insecte rampant
S’avance vers la flamme, et puis, s’interrompant,
Retourne dans son meuble, obscur comme un abîme.
Dernière ligne droite
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J’écris ces vers avant que de m’éteindre,
Quelques mots qui n’ont pas de sens caché ;
Pour ceux auxquels je me suis attaché,
Pour le destin que je ne saurais craindre.
Ce que je vois, je ne sais pas le peindre,
La soif que j’ai, je ne peux l’étancher ;
En mes amours ne sais vers qui pencher,
Pour tant de lois que je ne veux enfreindre.
De mon godet je bois jusqu’à la lie,
Quand la serveuse à consommer m’entraîne ;
Or, telles sont mes modestes complies.
Mes bons amis, l’ivresse n’est pas vaine,
Villon le chante, alors, trinquons ensemble,
Car la taverne au paradis ressemble.
Roi sans modération
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Du roi griffon la soif ne peut s’éteindre,
Dans son manoir il boit sans se cacher ;
Les courtisans qui lui sont attachés
Boivent aussi, trop même, on peut le craindre.
Or, qui voudra ces ivresses dépeindre ?
Et qui voudra sur ce sujet plancher ?
Sur de tels gens nul ne va se pencher,
Rien ne viendra, d’ailleurs, nous y contraindre.
Ah ! Ce griffon, toutes peurs abolies,
Tombe toujours où son penchant l’entraîne ;
Bientôt sera cette perte accomplie.
Si l’existence est une chose vaine,
N’est-il pas mieux de toujours boire ensemble ?
C’est la sagesse, ou bien, ça y ressemble.
Le coeur et les saisons
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L’automne est là, l’été vient de s’éteindre,
Le clair soleil souvent nous est caché ;
De Phaéton les coursiers harnachés
Sont loin de nous, tu ne dois plus les craindre.
Chaque saison sur ce coeur peut déteindre,
Sur ce sujet il aime s’épancher ;
Un médecin sur lui vient se se pencher,
Disant « C’est bien, ce coeur n’est pas à plaindre »..
Cet instrument de sagesse et folie
À résister son vieux maître l’entraîne ;
Tâche du jour, par plaisir accomplie.
Lui qui battit pour plusieurs causes vaines,
Il se modère, à présent, dans l’ensemble ;
Une torpeur qui à la paix ressemble.
Le coeur et les saisons (retouche)
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L’automne est là, l’été vient de s’éteindre,
Le clair soleil souvent nous est caché ;
De Phaéton les coursiers harnachés
Sont loin de nous, tu ne dois plus les craindre.
Chaque saison sur ce coeur peut déteindre,
Sur ce sujet il aime s’épancher ;
Un médecin sur lui vient se pencher,
Disant « C’est bien, ce coeur n’est pas à plaindre »..
Cet instrument de sagesse et folie,
À résister son vieux maître l’entraîne ;
Tâche du jour, par plaisir accomplie.
Lui qui battit pour plusieurs causes vaines,
Il se modère, à présent, dans l’ensemble ;
Une torpeur qui à la paix ressemble.
Chandelle sans miroir
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Je ne sais quand je vais m’éteindre,
Car l’avenir nous est caché ;
Rien ne sert de se retrancher,
Sachons que le pire est à craindre.
Les lois qui ne peuvent s’enfreindre;
Il vaut mieux ne pas y toucher ;
Je n’ai plus rien pour m’accrocher,
Je n’ose même pas me plaindre.
Ma sagesse n’est que folie,
Que réminiscences malsaines ;
Qu’importe, je n’ai qu’une vie.
Bon, ces quelques lignes sont vaines,
Quelques délires s’y rassemblent ;
Rien de grave, à ce qu’il me semble.
Roi sans soif
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Cette dynastie va s’éteindre,
Car le fil en sera tranché ;
Un noir destin viendra faucher
Ce royal corps, je peux le craindre.
Aucune soif ne peut m’atteindre,
Au vin je ne veux plus toucher ;
Les flacons resteront bouchés,
Personne n’osera s’en plaindre.
Toute grandeur est abolie ;
Ce ne fut que noblesse vaine,
Insondable mélancolie.
Mes héritiers sont dans la peine,
Ils râleront, ça leur ressemble ;
Les gens s’en moquent, dans l’ensemble.