Poème 'Du Roy Henry au commencement de son regne' de Mellin de SAINT-GELAIS

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Du Roy Henry au commencement de son regne

Mellin de SAINT-GELAIS

J’estois assis au meilleu des neuf seurs,
Libre et distraict des pensees mortelles,
Si commencea à chanter l’une d’elles,
Chant qui m’emplit d’infinies doulceurs :

Assemblez vous (dict elle) ô proffesseurs
Des bonnes ars et des sciences belles,
Pour consacrer louenges eternelles
Au plus grand Roy des Rois voz deffenseurs.

Dictes comment sa puissance estandue,
Si longuement des peuples attendue,
Faict d’or le siecle et les hommes contens,

Et comme il rend heureuse la memoire
Du bon François, adjoustant à sa gloire
Ce que l’autumne adjouste au beau printemps.

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Commentaires

  1. Le trône et le poète
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    Rhapsode et roi, sont-ce des âmes soeurs ?
    Nous les savons l'une et l'autre mortelles ;
    Mais le pouvoir échoit à l'une d'elles,
    Et l'autre n'a que tendresse et douceur.

    Je laisse à dire aux savants professeurs
    Si de son coeur on tire chanson belle
    En célébrant les gloires éternelles
    Des rois, censés être nos défenseurs.

    Plume qui s'est de la sorte étendue
    Souvent donna figures attendues ;
    Qui aime un roi s'en montrera content.

    Ma pauvre lyre, autant que j'ai mémoire,
    Ne sait chanter ni les rois, ni leur gloire :
    Bien mieux me plaît célébrer le printemps.

  2. Gyrovague d’azur
    ----------------

    Il eut, jadis, des frères et des soeurs ;
    Les oubliant pour la muse immortelle,
    Vers le grand Sud il suivit l’hirondelle
    Et délaissa les faciles douceurs.

    Sans aucun livre et sans nul professeur
    Il a reçu les leçons les plus belles,
    Il a goûté la saveur éternelle
    De l’univers en sa douce noirceur.

    Cette leçon maintes fois entendue
    Faisant surgir la joie inattendue,
    Il la retient, il en est bien content.

    Jamais ne fut prière en sa mémoire ;
    Il ne suit pas le chemin de la gloire,
    C’est un oiseau, profitant du printemps.

  3. Roi de pourpre
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    Comme ministre, il désigna sa soeur,
    Qui plus valait qu’une simple mortelle ;
    Aucun seigneur ne devint jaloux d’elle,
    Dont fut le coeur un havre de douceur.

    En son enfance, un noble professeur
    La dirigea, de sa voix paternelle ;
    Elle en apprit les valeurs éternelles
    Que nous devons à d’antiques penseurs.

    Sa belle voix est parfois entendue
    Mais de façon assez inattendue,
    Et notre roi sur le même air chantant.

    Quelle sera leur place en nos mémoires,
    Eux qui jamais ne voulurent la gloire ?
    Nous parlerons d’un règne de printemps.

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Mellin de SAINT-GELAIS

Portait de Mellin de SAINT-GELAIS

Mellin de Saint-Gelais (ou Melin de Saint-Gelays ou de Sainct-Gelais), né à Angoulême vers 1491 et mort à Paris en octobre 1558, est un poète français de la Renaissance, qui eut les faveurs de François 1er. Il était fort probablement le fils naturel de Jean de Saint-Gelais, marquis de Montlieu, qui appartenait à la petite... [Lire la suite]

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