Double rêve
J’ai cru qu’on m’enfermait au couvent : c’est un rêve !
Je suis morte, il est mort aussi : je bénis Dieu !
Là-bas, sur sa tombe une ombre se lève :
Viens, mon bien-aimé, viens me dire adieu.— J’ai cru qu’on m’enchaînait dans la tour, sur la pierre,
Seul, loin d’elle et du jour ; mais non, ce cachot noir,
C’était mon tombeau dans le cimetière.
Que Dieu soit béni, je vais la revoir !— C’est toi ! Je savais bien qe tu m’aurais suivie,
Tu me l’avais promis. Cette félicité
Q’on nous refusait pendant notre vie,
La mort nous la rend pour l’éternité.— Je rêvais de prison, et toi de monastère :
Un baiser ! oublions et mon rêve et le tien.
Dieu, qui sépara nos cœurs sur la terre,
Les unit au ciel : je le savais bien !— Ecoute ! un son de cloche a retenti : c’est l’heure
Du dernier jugement pour tous les trépassés ;
Faut-il nous quitter si tôt ? — Non, demeure :
Qu’importe le ciel ? restons embrassés ! —La cloche du matin sonne pour la prière ;
A travers les barreaux glisse un rayon du jour,
Tous deux à lajois ouvrent leur paupière,
Elle en sa cellule, et lui dans la tour.
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Louis MÉNARD
Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]
Un lit ou deux lits
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Deux sont dans un lit
Mais ils font chacun son rêve ;
D'autres dans deux lits,
Dans deux lieux que tout sépare,
Ont le même songe.