Depuis qu’Amour ma poitrine recuit
Depuis qu’Amour ma poitrine recuit,
Bouillante au feu de sa plus chaude braise
De mille ennuis en immortel malaise,
Dont maint souci dans moy l’un l’autre suit :J’oubli tout bien pour un bien qui me fuit,
Par un plaisir dont la douceur m’embraise,
Si bien qu’il faut que nul autre me plaise,
Et qu’en luy seul je preigne mon deduit.Mais, las, faut-il pour un bien seulement,
Tout autre bien oublier, tellement
Que l’on ne puisse en autre prendre joye ?Ô dur plaisir, si plaisir il y a,
Par qui mon cueur de sorte s’oublia
Qu’onques depuis il ne tint saine voye.
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Jean-Antoine de BAÏF
Jean-Antoine de Baïf, né à Venise le 19 février 1532, de mère inconnue, et mort à Paris le 19 septembre 1589, est un poète français. Fils de Lazare de Baïf, Jean-Antoine de Baïf, ami de Pierre de Ronsard et membre de la Pléiade, se distingue comme le principal artisan de l’introduction, en France, d’une... [Lire la suite]
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- Quand je te vis entre un millier de Dames (1)
Un alchimiste en un grand fourneau cuit
Cent ingrédients dessus la chaude braise :
Un rat fossile, une blatte hollandaise,
Un pamplemousse, une branche de buis,
Un basilic, un papillon de nuit,
Une belette, une hydre japonaise,
Un oiseau-mouche, une grenouille anglaise
Et d'autres, dont le souvenir me fuit.
L'alchimiste a pour un but seulement
Cuit ce ragoût aux nombreux éléments :
C'est pour faire un gâteau d'anniversaire.
Et me direz qu'un tel mets n'est point bon ;
Mais pour le faire il avait sa raison :
Car le gâteau est pour sa belle-mère.
Dieu des fourneaux
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Un petit dieu apprend comment l’on cuit
Une entrecôte au-dessus de la braise,
Comment l’on fait de la sauce hollandaise,
Comment servir un souper de minuit.
Le contenu d’un saladier de buis
Vient s’accorder aux algues japonaises ;
Un peu plus loin, ça sent la crème anglaise,
Et cette liste encore se poursuit.
Le petit dieu est gourmand, seulement,
Il se mélange avec les éléments ;
Bien des erreurs sont à son ordinaire.
C’est déroutant, mais quelquefois, c’est bon ;
Quand c’est mauvais, nous prenons du jambon ;
Nul n’est parfait, sur le plan culinaire.