Départ
Ici, l’Empire au centre du monde. La terre ouverte au labeur des vivants. Le continent milieu des Quatre-mers. La vie enclose, propice au juste, au bonheur, à la conformité.
Où les hommes se lèvent, se courbent, se saluent à la mesure de leurs rangs. Où les frères connaissent leurs catégories : et tout s’ordonne sous l’influx clarificateur du Ciel.
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Là, l’Occident miraculeux, plein de montagnes au-dessus des nuages ; avec ses palais volants, ses temples légers, ses tours que le vent promène.
Tout est prodige et tout inattendu : le confus s’agite : la Reine aux désirs changeants tient sa cour. Nul être de raison jamais ne s’y aventure.
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Son âme, c’est vers Là que, par magie, Mou-wang l’a projetée en rêve. C’est vers là qu’il veut porter ses pas.
Avant que de quitter l’Empire pour rejoindre son âme, il en a fixé, d’Ici, le départ.
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Victor SEGALEN
Victor Segalen, né à Brest le 14 janvier 1878, mort le 21 mai 1919 à Huelgoat, est un poète, et aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue français. Après des études de médecine à l’École du service de santé des armées de Bordeaux, Victor Segalen est affecté en Polynésie française. Il n’aime pas la... [Lire la suite]
Ici, le jardin polaire du cloporte. La terrasse où l'on boit des apéritifs. Le lac tranquille où vont se baigner tous les méridiens. La vie d'ermite, propice au rêve, au délire, à la versification.
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Où les cartes à jouer saluent le Maître à la mesure de leurs hauteurs et de leurs couleurs. Où les disciples connaissent les fables : et tout s’ordonne avec un coup à boire
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Là, chez les habitants de l'Ouest, plein de tigres minuscules ; avec une jeune bergère, un gyrovague sur la plage, et les pièces de jeu d'échec polychromes, que le vent promène.
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Le monde est tout bizarre, encore aujourd'hui : le sureau s’agite : la méduse aux désirs changeants tient sa cour. Nul corbeau tordu jamais ne s’y aventure.
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Sa plus belle paire de chaussettes, c’est justement à cet endroit que, par magie, Yake Lakang l’a projetée en rêve. C’est vers là qu’il a failli envoyer ses pieds par la même occasion.
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Ensuite il les reprend toutes les deux car il est urgent qu'elles soient lavées.
Voir aussi
https://heraldiqueblog.wordpress.com/2020/01/15/jardin-7/