Poème 'Dégoût' de Georges RODENBACH dans 'La Jeunesse blanche'

Dégoût

Georges RODENBACH
Recueil : "La Jeunesse blanche"

L’Héroïsme, la foi, l’enthousiasme fier,
Tous ces riches métaux qui dormaient dans mon âme,
Je ne les aurai pas chauffés de rouge flamme
Pour en battre au soleil des armures d’or clair

Les songes sont éteints qui hantaient ma mémoire :
Les noces, les berceaux balancés, les enfants,
Et le peuple escortant, par les soirs triomphants
Les poètes pensifs qui marchent dans leur gloire !

Car la foule a fermé ses yeux aux vers si beaux
Comme des yeux d’aveugle aux étoiles tranquilles,
Pour voir les histrions publics, maîtres des villes,
Qui taillent leurs habits de clowns dans nos drapeaux.

Mais laissons la Bêtise écumer sur la plage !
Bien qu’un temps soit tragique où les Cœurs, les Esprits,
N’ont que l’activité du rêve et du mépris
Et planent, dédaigneux de s’ouvrir un sillage !

Ce sont les goélands, songe blanc de la mer,
Vers qui cherche à monter l’insulte des écumes ;
Mais dans leur vol épars la chute de leurs plumes
Tombe comme un pardon sur l’océan amer.

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Georges RODENBACH

Portait de Georges RODENBACH

Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]

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