Dédicace
Vous souvient-il, cocodette un peu mûre
Qui gobergez vos flemmes de bourgeoise,
Du temps joli quand, gamine un peu sure,
Tu m’écoutais, blanc-bec fou qui dégoise ?Gardâtes-vous fidèle la mémoire,
O grasse en des jerseys de poult-de-soie,
De t’être plu jadis à mon grimoire,
Cour par écrit, postale petite oye ?Avez-vous oublié, Madame Mère,
Non, n’est-ce pas, même en vos bêtes fêtes,
Mes fautes de goût, mais non de grammaire,
Au rebours de tes chères lettres bêtes ?Et quand sonna l’heure des justes noces,
Sorte d’Ariane qu’on me dit lourde,
Mes yeux gourmands et mes baisers féroces
A tes nennis faisant l’oreille sourde ?Rappelez-vous aussi, s’il est loisible
A votre coeur de veuve mal morose,
Ce moi toujours tout prêt, terrible, horrible,
Ce toi mignon prenant goût à la chose,Et tout le train, tout l’entrain d’un manège
Qui par malheur devint notre ménage.
Que n’avez-vous, en ces jours-là, que n’ai-je
Compris les torts de votre et de mon âge !C’est bien fâcheux : me voici, lamentable
Epave éparse à tous les flots du vice.
Vous voici, toi, coquine détestable,
Et ceci fallait que je l’écrivisse !
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
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