Poème 'Dans le jardin' de Stéphane MALLARME

Dans le jardin

Stéphane MALLARME

La jeune dame qui marche sur la pelouse
Devant l’été paré de pommes et d’appas,
Quand des heures Midi comblé jette les douze,
Dans cette plénitude arrêtant ses beaux pas,

A dit un jour, tragique abandonnée – épouse -
A la Mort séduisant son Poëte : « Trépas !
Tu mens. Ô vain climat nul ! je me sais jalouse
Du faux Éden que, triste, il n’habitera pas. »

Voilà pourquoi les fleurs profondes de la terre
L’aiment avec silence et savoir et mystère,
Tandis que dans leur coeur songe le pur pollen :

Et lui, lorsque la brise, ivre de ces délices,
Suspend encore un nom qui ravit les calices,
A voix faible, parfois, appelle bas : Ellen !

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Commentaires

  1. La pécheresse qui vivait parmi les Douze
    À tomber au péché ne les incitait pas,
    Même allongeant son corps sur les fraîches pelouses,
    Quand ils avaient marché plusieurs milliers de pas.

    Le fils du charpentier n'en fit point son épouse,
    Et quand il lui parla, juste après son trépas
    Et sa résurrection, dit « Ne sois point jalouse,
    Je ne voyais que toi, lors du dernier repas. »

    Exilée désormais en fort lointaine terre,
    Aux gens de ce pays elle dit le mystère,
    Priant que soit fécond, sur leur sol, ce pollen ;

    Un moine gyrovague a béni le calice
    Où se forme à nouveau le sang noir du supplice
    Et murmuré son nom (c'est pour lui « Magdalen »).

  2. Bonjour, j'aimerai comprendre ce poème en commençant par son historique: Pourquoi Mallarmé a ércrit ce poème? Dans quel contexte ?

    Merci d'avance!

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