Cythère
Quel lys sut ombrager ma sieste ?
C’était (ah ne sais plus comme !) au bois trop sacré
Où fleurir n’est pas un secret.
Et j’étais fui comme la peste,
« Je ne suis pas une âme leste ! »
Ai-je dit alors et leurs chœurs m’ont chanté : « Reste.»Et la plus grande, oh ! si mienne ! m’a expliqué
La floraison sans commentaires
De cette hermétique Cythère
Au sein des mers comme un bosquet,
Et comment quelques couples vraiment distingués
Un soir ici ont débarqué….Non la nuit sait pas de pelouses,
D’un velours bleu plus brave que ces lents vallons !
Plus invitant au : dévalons!
Et déjoueur des airs d’épouse !
Et qui telle une chair jalouse,
En ses accrocs plus éperdûment se recouse !….Et la faune et la flore étant comme ça vient,
On va comme ça vient; des roses
Les sens; des floraisons les poses;
Nul souci du tien et du mien;
Quant à des classements en chrétiens et païens,
Ni le climat ni les moyens.Oui, fleurs de vie en confidences,
Mains oisives dans les toisons aux gros midis,
Tatouages des concettis;
L’un mimant d’inédites danses,
L’autre sur la piste d’essences….
- Eh quoi ? Nouveau-venu, vos larmes recommencent !- Réveil meurtri, je m’en irai je sais bien où;
Un terrain vague, des clôtures,
Un âne plein de foi pâture
Des talons perdus sans dégoût,
Et brait vers moi (me sachant aussi rosse et doux)
Que je desserre son licou.
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Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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