Couplet du verre de vin
Robert DESNOS
Recueil : "État de veille"
Quand le train partira n’agite pas la main,
Ni ton mouchoir, ni ton ombrelle,
Mais emplis un verre de vin
Et lance vers le train dont chantent les ridelles
La longue flamme du vin,
La sanglante flamme du vin pareille à ta langue
Et partageant avec elle
Le palais et la couche
De tes lèvres et de ta bouche.1942
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Griffonnages
----------------
Simples griffons d'argent, toujours la coupe en main,
Souvent partant quérir une amphore nouvelle,
Disant que cette année, la vendange est fort belle ;
Simples griffons d'argents, connaisseurs du bon vin.
Le double griffon d'or a des plaisirs plus purs ;
Il monte dans les airs, atteint les hautes couches,
Et puis, pour s'enivrer, aspire à pleine bouche
Au long d'un jour d'été, la saveur de l'azur.
Griffon d’argent
-----------
Tout jeune, ce griffon connut une déesse,
Il était à ses pieds, timide et langoureux ;
Celle-ci, amusée de ce piètre amoureux,
Ne l’estimait pas plus qu’un chien tenu en laisse.
Ce pauvre soupirant, dépourvu de sagesse,
Étant intoxiqué, se croyait bienheureux ;
Lui qui d’un tel bonheur se croyait désireux,
Couvait d’un doux regard sa cruelle maîtresse.
Tu fus libre jadis, griffon, t’en souviens-tu ?
Un sage te montrait la Voie et sa Vertu,
Ton coeur était serein, ton âme était légère.
Mais tu as préféré te mettre à la merci
D’un Cupidon pervers, tu te fais du souci,
Tu n’apprivoiseras jamais cette mégère.