Corps et âmes
Heureuses les lèvres de chair !
Leurs baisers se peuvent répondre ;
Et les poitrines pleines d’air !
Leurs soupirs se peuvent confondre.Heureux les coeurs, les coeurs de sang !
Leurs battements peuvent s’entendre ;
Et les bras ! Ils peuvent se tendre,
Se posséder en s’enlaçant.Heureux aussi les doigts ! Ils touchent ;
Les yeux ! Ils voient. Heureux les corps !
Ils ont la paix quand ils se couchent,
Et le néant quand ils sont morts.Mais, oh ! Bien à plaindre les âmes !
Elles ne se touchent jamais :
Elles ressemblent à des flammes
Ardentes sous un verre épais.De leurs prisons mal transparentes
Ces flammes ont beau s’appeler,
Elles se sentent bien parentes,
Mais ne peuvent pas se mêler.On dit qu’elles sont immortelles ;
Ah ! Mieux leur vaudrait vivre un jour,
Mais s’unir enfin ! … dussent-elles
S’éteindre en épuisant l’amour !
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René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Sirènes chevalines
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Blanche et délicate est leur chair,
Je les écoute se répondre ;
Sirènes chantant de beaux airs
Qui dans la brume vont se fondre.
Crinière ainsi que d'un pur-sang,
Fine bouche et regard très tendre :
Des jours entiers à les entendre,
Mon coeur ne s'en va point lassant.
Les sirènes-juments sont telles,
Aussi bien la nuit que le jour ;
Elles n'ont point d'âme immortelle,
Mais elles baignent dans l'amour.