Conduite
Passe. La bêche sidérale autrefois là s’est engouffrée. Ce soir un village d’oiseaux très haut exulte et passe.
Écoute aux tempes rocheuses des présences dispersées le mot qui fera ton sommeil chaud comme un arbre de septembre.
Vois bouger l’entrelacement des certitudes arrivées près de nous à leur quintessence, ma Fourche, ma Soif anxieuse !
La rigueur de vivre se rode sans cesse à convoiter l’exil. Par une fine pluie d’amande, mêlée de liberté docile, ta gardienne alchimie s’est produite, ô Bien aimée !
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René CHAR
René Char est un poète et résistant français né le 14 juin 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue et décédé à Paris le 19 février 1988. René Émile Char, né en 1907, est le cadet des quatre enfants issus des secondes noces d’Émile Char et de Marie-Thérèse Rouget, sœur de sa première épouse, Julia Rouget, décédée en... [Lire la suite]
Ce^poème est en vers et non en prose (reference: Edition Gallimard, collection Poésie/Gallimard, préface Yves Berger.
Passe.
La bêche sidérale
autrefois là s’est engouffrée.
Ce soir un village d’oiseaux
très haut exulte et passe.
Écoute aux tempes rocheuses
des présences dispersées
le mot qui fera ton sommeil
chaud comme un arbre de septembre.
Vois bouger l’entrelacement
des certitudes arrivées
près de nous à leur quintessence,
ma Fourche, ma Soif anxieuse !
La rigueur de vivre se rode
sans cesse à convoiter l’exil.
Par une fine pluie d’amande,
mêlée de liberté docile,
ta gardienne alchimie s’est produite,
ô Bien aimée !
Merci beaucoup pour cette précision.
Lapin-triton
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Au terrier sur la berge il s'engouffre, furtif :
C'est le lapin-triton, un animal qui passe
De rivière en prairie, qui ne tient pas en place,
Une entité bizarre, un monstre fugitif.
Il entend de l'ondin la timide chanson,
Mais il n'y répondra que par un long silence :
C'est le lapin-triton, un animal qui pense
Sans élever la voix, sans émettre aucun son.
Lièvre fugitif
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Je m’en vais, j’ai peur de la lune,
Au diable ses photons d’argent ;
J’en suis réduit, c’est affligeant,
À m’enfuir au-delà des dunes.
Cette lumière inopportune
Me suivra partout, c’est rageant ;
Au diable ce monde changeant,
C’est un repaire d’infortune.
Je suis un mouton sans berger,
Bien précairement hébergé ;
J’ai peur des gens et des machines.
Que ne suis-je un petit poisson
Baignant en sa douce boisson ,
Dans un petit torrent de Chine !