Concurrence
Là-haut gronde un orage.
Le soleil plein de rage
Semble s’extasier
Dans un brasier.Le turbulent tonnerre
Célèbre un centenaire
Au milieu des éclairs
Ardents et clairs.A quelle oeuvre inconnue
Travaillent dans la nue
Les Chérubins riants
Des Orients?Ces faiseurs de poëmes
Ouvrent, comme nous-mêmes,
Une Exposition
Dans leur Sion.On y vient du nocturne
Sirius, de Saturne,
De Vénus tout en feu
Dans l’azur bleu,Et de l’ombre où fulgure,
Détachant sa figure
Dans l’éther de safran,
Aldébaran.Le Berger des étoiles
A dans ses larges toiles
Emprisonné divers
Grands univers.Là, tendant leurs échines,
D’invincibles machines
Font mouvoir les vermeils
Coeurs des Soleils.Puis, des fontaines vives
Dans leurs eaux convulsives
Roulent des firmaments
De diamants.La chevelure d’Eve
Et sa bouche de rêve
Les ont teintes de leurs
Tendres couleurs,Et des jardins étranges
Fleurissent, dont les Anges
Ailés et triomphants
Sont les Alphands.Là naissent, blancs et lisses,
Ouvrant leurs purs calices
Près des amaryllis,
D’immenses lys,Et des roses farouches,
Pareilles à des bouches
Que tout baise à l’entour,
Disent: Amour!Parmi l’or des fournaises
Dansent des Javanaises
Venant d’une Java
Où nul ne va.Mille milliers de rimes
S’éparpillent, sublimes,
En un glorieux chant;
Et se penchantVers les grands téléphones,
Hurlent des Tisiphones
Et parlent en mots fins
Les Séraphins.Dans la nue électrique,
Dieu, puissamment lyrique,
Lutte avec Edison
A sa façon;Et de ses mains profondes,
L’ingénieur des mondes
Construit dans le plein ciel
Sa Tour Eiffel!9 juillet 1889.
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Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
Le Créateur du monde
À certains moments gronde
Ainsi qu'un fier dragon
Un peu bougon.
Les diables lui répondent
Sur cette longueur d'onde,
Tapant sur leurs wagons
Et leurs fourgons.
Le Ciel produit des flammes.
Plus d'un nuage crame
Dans les éclairs ;
Quelques grands volcans bavent
Mille torrents de lave
Jusqu'aux enfers.
Le seigneur des rouages
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Il dessine des plans aux lueurs des chandelles,
Son travail d’ingénieur est étrange pour moi ;
Il rêve une machine, il écrit sans émoi
Ce que nous permettra cette chose nouvelle.
La critique envers lui jamais ne fut cruelle,
Qui toujours le trouva chercheur de bon aloi ;
Car de la mécanique il applique les lois
Et pour son doux regard, les équations sont belles.
Quand je fus un chercheur, je l’entendis souvent
Passer d’un théorème à l’axiome suivant ;
Par désir de comprendre, et non point de fortune.
De ses beaux manuscrits, il donna la primeur
Au rhapsode subtil, ami de l’imprimeur,
Dont toujours il guettait la retouche opportune.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/16/petits-grondements/