Comte les ans, les mois, les heures et les jours…
Comte les ans, les mois, les heures et les jours
Et les poins de ta vie, et me dis mal-habile,
Où ils s’en sont allés comme l’ombre fragile
Ils se sont escoulez sans espoir de retour.Nous mourons et nos jours roulent d’un viste cours
L’un l’autre se poussans comme l’onde labile
Qui ne retourne point, mais sa course mobile
D’une mesme roideur precipite tousjours.Tousjours le tems s’enfuit et n’est point reparable
Quand il est despensé en euvre dommageable,
L’usant et consumant en travail superflusNos jours ne sont sinon qu’une petite espace
Qui vole comme vent, un messager qui passe
Pour sa commission et ne retourne plus.
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Jean-Baptiste CHASSIGNET
Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635) est un poète baroque français. Né à Clairac en Agenais, alors terre d’Empire, Jean-Baptiste CHASSIGNET est le fils d’un médecin. Il reçoit une formation humaniste, étudie le droit à l’université de Dole où il obtient son doctorat, ce qui le mène à une carrière d’avocat... [Lire la suite]
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- Mortel pense quel est dessous la...
- Est-il rien de plus vain qu'un songe...
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- Comte les ans, les mois, les heures et les...
- Assies toy sur le bort d'une ondante...
- L'enfance n'est sinon qu'une sterile fleur...
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- Arrivant au logis pour un petit quart...
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- Qu'est-ce de vostre vie ? une bouteille... (8)
- Est-il rien de plus vain qu'un songe... (8)
- Nous n'entrons point d'un pas plus avant en... (6)
- Il ny à si grossier qui ne connoisse bien... (4)
- Assies toy sur le bort d'une ondante... (4)
- L'enfance n'est sinon qu'une sterile fleur... (4)
- Les poissons escaillez aiment les moites... (4)
- Quand le fruit est cueilli la feuille... (4)
- Comme petits enfants d'une larve... (3)
- Comte les ans, les mois, les heures et les... (3)
Faire que chaque instant vibre, comme éternel ;
Flotter au fil du vent comme au ciel un nuage,
C'est de l'esprit humain le plus bel apanage
Dont il fait profiter son compagnon charnel.
Pas besoin pour cela de vieux calculs formels.
Juste fixer les yeux sur une belle image,
N'importe le format, portrait ou paysage,
Et suspendre le temps est un jeu naturel.
J'entends, tu me diras que c'est une illusion,
L'homme dans l'éternel ne peut faire intrusion,
Ce jeu n'arrête pas l'horloge meurtrière.
Laissez-moi y plonger, malgré tout, mon esprit.
Lorsqu'un homme médite, ou qu'il chante, ou qu'il rit,
Son âme est hors du temps et de la fourmilière.
Oiseau-Boomerang
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C’est un oiseau magique, invisible en plein jour,
À parcourir l’espace on dit qu’il est habile ;
Il est fort délicat, mais il n’est pas fragile,
À peine s’en va-t-il qu’on le voit de retour.
Loin des lieux habités ses jours suivent leur cours,
Il cherche son plaisir sans se faire de bile ;
Cet habitant de l’air n’est jamais immobile,
Vers d’autres horizons il s’éloigne toujours.
La Fontaine sur lui n’écrivit nulle fable,
N’ayant point observé son parcours ineffable ;
Et nous le regrettons, ça nous aurait bien plu.
Donne-toi du bon temps, passager de l’espace,
Aucun observateur ne sait par où tu passes
On te croit quelque part, pourtant tu n’y es plus.
Lenteur d’un messager
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Tu m’attendras deux ou trois jours,
Car ma démarche est malhabile ;
Je suis faible, je suis fragile,
Moi qui ne vole ni ne cours.
Même quand les trajets sont courts,
Je les trouve un peu difficiles ;
Même quand je suis immobile,
Mon corps me paraît un peu lourd.
Comme les animaux des fables,
J’ai des sentiments ineffables ;
Mais tu n’en as jamais rien su.
J’ai peur du temps et de l’espace,
J’ai peur de chaque ombre qui passe ;
N’épiloguons pas là-dessus.