Complainte du pauvre jeune homme
Sur l’air populaire :
« Quand le bonhomm’ revint du bois.»Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui;
Il prit à deux mains son vieux crâne,
Qui de science était un puits!
Crâne
Riche crâne,
Entends-tu la Folie qui plane ?
Et qui demande le cordon,
Digue dondaine, digue dondaine,
Et qui demande le cordon,
Digue dondaine, digue dondon!Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui;
Il entendit de tristes gammes,
Qu’un piano pleurait dans la nuit!
Gammes,
Vieilles gammes,
Ensemble, enfants, nous vous cherchâmes!
Son mari m’a fermé sa maison,
Digue dondaine, digue dondaine,
Son mari m’a fermé sa maison,
Digue dondaine, digue dondon!Son mari m’a fermé sa maison,
Digue dondaine, digue dondon!
Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui;
Il mit le nez dans sa belle âme,
Où fermentaient des tas d’ennuis!
Âme,
Ma belle âme,
Leur huile est trop sal’ pour ta flamme!
Puis, nuit partout! lors, à quoi bon?
Digue dondaine, digue dondaine,
Puis, nuit partout! lors, à quoi bon?
Digue dondaine, digue dondon!Quand ce jeune homm’ rentra chez lui, Quand ce jeune homm’ rentra chez lui;
Il vit que sa charmante femme,
Avait déménagé sans lui!
Dame,
Notre-Dame,
Je n’aurai pas un mot de blâme!
Mais t’aurais pu m’laisser l’charbon (1)
Digue dondaine, digue dondaine,
Mais t’aurais pu m’laisser l’charbon,
Digue dondaine, digue dondon!Lors, ce jeune homme aux tels ennuis,
Lors, ce jeune homme aux tels ennuis;
Alla décrocher une lame,
Qu’on lui avait fait cadeau avec l’étui!
Lame,
Fine lame,
Soyez plus droite que la femme!
Et vous, mon Dieu, pardon! pardon!
Digue dondaine, digue dondaine,
Et vous, mon Dieu, pardon! pardon!
Digue dondaine, digue dondon!Quand les croq’morts vinrent chez lui, Quand les croq’morts vinrent chez lui;
Ils virent qu’c'était un’belle âme,
Comme on n’en fait plus aujourd’hui!
Âme,
Dors, belle âme!
Quand on est mort c’est pour de bon,
Digue dondaine, digue dondaine,
Quand on est mort c’est pour de bon,
Digue dondaine, digue dondon!(1) Pour s’asphyxier.
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Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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Quand il entra en paradis, Quand il entra en paradis;
Fut consolé par Notre Dame,
Disant "Ne te crois pas maudit"
Dame,
Ô Notre Dame !
L'éternité, c'est donc bien long,
Digue dondaine, digue dondaine,
L'éternité, c'est donc bien long,
Digue dondaine, digue dondon!