Poème 'Commémorations' de PhulanKile

Commémorations

PhulanKile

Les anniversaires commémoratifs permettent d’émasculer ce qui, célébré par ce qui l’était hier, se tait dans ce qui fonde l’Aujourd’hui.
Montrer Auschwitz aux chefs d’états d’aujourd’hui, c’est leur montrer leurs masques abattus, c’est leur renvoyer leurs propres images, leurs propres réalités. Il suffit de voir et condamner pour faire oublier – leurs propres politiques de triage spécialisant le bétail humain- et noyer cet Aujourd’hui dans les croyances de ce qui fut hier

C’est aujourd’hui que nos jeux se paient d’horreur nazie
C’est aujourd’hui que l’on vit sans les frères, les sœurs, morts les amis,
morts pour surplus d’espoir en l’humanité, en la vie…
L’horreur nazie par les camps, et de par sa présence, leur a aussi tués tout espoir. L’industrie de mort s’est transformée aujourd’hui en industrie de paix, certifiée conforme, copyrightée Occident
mais malgré tout, aussi, oppressant,
sans autre espoir que celui abrutissant
des camps.

Les hommes fiers, les femmes de combat se sont tus sous les balles et les sévices nazis.
Ce n’est pas l’Allemagne, ce n’est pas l’Italie
c’est la réponse capitaliste à la révolution d’Octobre qui fut prise
révolution d’élites, poussant leurs cris
contre le mauvais peuple qu’elles ont toujours honni,
dont elles se sont toujours servies.
Ces hommes morts de leur prime jeunesse à l’automne florissant,
manquent.

Tous les survivants se sont tus pour survivre. Ils ont admis dans leurs apparences, la contrition de l’esclave, leur contrition déshumanisante. Complus ou non en leurs êtres, ils sont morts, leurs espoirs morts. Là-bas dans la rigueur de l’hiver, dans la chaleur de l’été, ils restaient déshumanisés, numéros aussi nombreux que les étoiles de la voie lactée. (J’ai les yeux qui chialent). Sans espoir. C’est sans espoir. Aujourd’hui ? Comment se rebeller lorsque naît l’impossibilité en cas de pire déshumanité ? C’est le désespoir qui vit aujourd’hui. Aucun avenir humain ne pourra plus être que sécurisé. Aucun avenir commun ne sera plus possible après.
Qui a gagné la guerre? Les états ou les peuples, l’institution ou l’humanité ?

Papy tu avais mon âge lorsqu’ils t’enfermaient à Allach, sombre kommando de Dachau. Dans les usines d’avions de la région bavaroise, tu jouais à l’esclave des salauds. Oui l’Homme peut être pire que les animaux, et c’est parce qu’ils sont humains qu’ils aiment à nous déshumaniser, nous traitant pire que des chiens. La mort lente n’a pas pris tes vingt-quatre années, tu as même vu là-bas ta vingt-cinquième poussée. Tu avais mon âge et tu n’as pas cillé. Tu était trop à la vie accroché. Tu as vécu l’horreur sans te cacher. Ils n’ont pu ni t’exécuter ni t’empêcher d’exister.

30 janvier 2005

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