Comme une main à l’instant de la mort
Comme une main à l’instant de la mort et du naufrage se dresse
comme les rayons du soleil couchant,
ainsi de toutes parts jaillissent tes regards.
Il n’est plus temps, il n’est plus temps peut-être de me voir,
Mais la feuille qui tombe et la roue qui tourne te diront
que rien n’est perpétuel sur terre,
Sauf l’amour,
Et je veux m’en persuader.
Des bateaux de sauvetage peints de rougeâtres couleurs,
Des orages qui s’enfuient,
Une valse surannée qu’emportent le temps et le vent durant les longs espaces du ciel.
Paysages.
Moi, je n’en veux pas d’autres que l’étreinte à laquelle j’aspire,
Et meure le chant du coq.
Comme une main, à l’instant de la mort, se crispe, mon cœur se serre.
Je n’ai jamais pleuré depuis que je te connais.
J’aime trop mon amour pour pleurer.
Tu pleureras sur mon tombeau,
Ou moi sur le tien.
Il ne sera pas trop tard.
Je mentirai. Je dirai que tu fus ma maîtresse.
Et puis vraiment c’est tellement inutile,
Toi et moi, nous mourrons bientôt.
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Valet de mort
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Humains, soyez heureux, la mort vous transfigure,
Nous pourrons oublier vos ennuis de santé ;
Je suis un fier valet, soit dit sans me vanter,
Je prends soin du trépas sans nulle forfaiture.
On doit toujours prévoir la fin de l’aventure,
La perte du bonheur, la fin de la beauté ;
Car cela fut écrit, jadis, dans un traité
Qui décrit notre vie et l’évoque en droiture.
De la Nécessité nous sommes les sujets ;
Nos corps impermanents, comme d’autres objets,
Ne dissimulent point leur essence fugace;
Je suis le bon valet qui marche sous les cieux
Pour servir à leur gré les jeunes et les vieux ;
Et moi, tout comme un autre, il faudra que j’y passe.