Comme une grande fleur …
Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
Avec un long sourire où miroitent tes dents…
Je t’enlace ; j’ai comme un peu de l’âpre joie
Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
Tu souris… je te tiens pâle et l’âme perdue
De se sentir au bord du bonheur suspendue,
Et toujours le désir pareil au coeur me mord
De t’emporter ainsi, vivante, dans la mort.
Incliné sur tes yeux où palpite une flamme
Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme…
De ta robe entr’ouverte aux larges plis flottants,
Où des éclairs de peau reluisent par instants,
Un arôme charnel où le désir s’allume
Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume.
Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m’en griser,
Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser ! …
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Albert SAMAIN
Albert Samain, né à Lille le 3 avril 1858, mort à Magny-les-Hameaux le 18 août 1900, est un poète symboliste français. Son père étant décédé alors qu’il n’avait que 14 ans, il dut interrompre ses études pour gagner sa vie et devint employé de commerce. Vers 1880, il fut envoyé à Paris, où il décida de rester.... [Lire la suite]
Fleur de Quinte Essence
---------------------
J’irai cueillir la fleur de Quinte Essence
Mais ce n’est pas pour l’offrir à mon roi ;
Puis, j’en ferai, d’ailleurs, je ne sais quoi,
De cette fleur à la sourde influence,
Fleur qui m’éveille et qui me tient en transe,
Curieux objet, plante sans foi ni loi,
Qu’il me ravit d’avoir auprès de moi,
Fleur de magie aimée depuis l’enfance.
Quand elle est là, je ne peux marcher droit,
Je suis heureux, j’aime ce que je vois,
J’en oublie d’être un randonneur volage.
Ah, d’où sort-il, ce végétal maudit
Dont nul oiseau ne veut faire son nid?
Vaine question, qui vient du fond des âges.
Plante sans nom
----------
Nature me créa par une fantaisie,
Je dois donc accepter ma singularité ;
Je ne déteste pas mon genre de beauté,
Trouvant que ma couleur est assez bien choisie.
Littré trouvait des noms chargés de poésie,
Mais dans son grand recueil, le mien n’est pas cité ;
Ça confère à mon charme un peu d’opacité,
Je manifeste ainsi mon idiosyncrasie.
Je n’eus jamais besoin de savoir le latin
Pour aimer le soleil, la rosée du matin
Et des oiseaux du ciel les mots pleins de sagesse.
Anonyme je suis, depuis la nuit des temps,
Nul ne parle de moi, mais j’existe, pourtant ;
Dans mon humble terroir,je suis une princesse.
Plante sans nom === retouche
----------
Nature me créa par une fantaisie,
Je dois donc accepter ma singularité ;
Je ne déteste pas mon genre de beauté,
Trouvant que ma couleur est assez bien choisie.
Linné trouvait des noms chargés de poésie,
Mais dans son grand recueil, le mien n’est pas cité ;
Ça confère à mon charme un peu d’opacité,
Je manifeste ainsi mon idiosyncrasie.
Je n’eus jamais besoin de savoir le latin
Pour aimer le soleil, la rosée du matin
Et des oiseaux du ciel les mots pleins de sagesse.
Anonyme je suis, depuis la nuit des temps,
Nul ne parle de moi, mais j’existe, pourtant ;
Dans mon humble terroir,je suis une princesse.