Comme petits enfants d’une larve outrageuse…
Comme petits enfants d’une larve outrageuse,
D’un fantôme, ou d’un masque, ainsi nous avons peur,
Et redoutons ta mort, la concevant au cœur
Telle comme on la fait, hâve, triste, et affreuse :Comme il plaît à la main ou loyale, ou trompeuse
Du graveur, du tailleur, ou du peintre flatteur
La nous représenter sur un tableau menteur,
Nous l’imaginons telle, agréable, ou hideuse :Ces appréhensions torturant nos cerveaux
Nous chassent devant elle, ainsi comme bouveaux
Courent devant le loup, et n’avons pas l’espaceDe la bien remarquer : ôtons le masque feint,
Lors nous la trouverons autre qu’on ne la peint,
Gracieuse à toucher, et plaisante de face.
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Jean-Baptiste CHASSIGNET
Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635) est un poète baroque français. Né à Clairac en Agenais, alors terre d’Empire, Jean-Baptiste CHASSIGNET est le fils d’un médecin. Il reçoit une formation humaniste, étudie le droit à l’université de Dole où il obtient son doctorat, ce qui le mène à une carrière d’avocat... [Lire la suite]
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- Assies toy sur le bort d'une ondante... (4)
- L'enfance n'est sinon qu'une sterile fleur... (4)
- Les poissons escaillez aiment les moites... (4)
- Quand le fruit est cueilli la feuille... (4)
- Comme petits enfants d'une larve... (3)
- Comte les ans, les mois, les heures et les... (3)
Humeur paisible
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Cette vie n'est pas outrageuse
(De le dire, je n'ai point peur) ;
Si je l'examine en mon coeur,
Elle n'est certes pas affreuse.
Or, si parfois elle est trompeuse,
Cela vient de quelques flatteurs,
Cela vient d'un reflet menteur,
Cela ne la rend point hideuse.
Chaque jour, à notre cerveau,
Elle offre un aliment nouveau ;
Chaque jour elle orne l'espace
De décors bien subtils, et fins :
L'esprit se nourrit à sa faim,
Regardant les rêves en face.
Sagesse de la renarde
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Que dirai-je des gens qui m’appellent trompeuse ?
Eux, ce sont des pigeons, ils ne me font pas peur ;
Le Seigneur des Goupils voit le fond de mon coeur,
Mon âme est transparente, et n’est pas nébuleuse.
Ma maîtresse d’école a dit « Tu es menteuse »,
Car j’avais prononcé deux ou trois mots flatteurs ;
Si ce brave corbeau se prend pour un chanteur,
Je peux bien lui donner mon avis de chanteuse.
Une grande innocence a baigné mon cerveau,
Cela me fit frémir, comme un plaisir nouveau,
Comme de découvrir un fabuleux espace.
C’est dans notre ADN, nous avons l’esprit fin,
Ainsi chacun de nous peut manger à sa faim,
Trompeurs, peut-être un peu, voyons la chose en face.
Monstre masqué
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« Ai-je une apparence trompeuse ?
Dites-le-moi, n’ayez pas peur ;
Je suis un monstre au noble coeur
Avec une âme aventureuse.
Sans faire de phrases pompeuses,
Je peux t’instruire, cher lecteur.
N’écoute pas mes détracteurs,
Ils n’ont que des raisons fumeuses.
Je peux me mettre à ton niveau
Pour te décrire mes travaux ;
Mon texte tient en peu d’espace.»
Le propos du monstre a pris fin ;
Il va manger, car il a faim,
Dans le petit resto d’en face.