Clair de lune
Lune melliflueuse aux lèvres des déments
Les vergers et les bourgs cette nuit sont gourmands
Les astres assez bien figurent les abeilles
De ce miel lumineux qui dégoutte des treilles
Car voici que tout doux et leur tombant du ciel
Chaque rayon de lune est un rayon de miel
Or caché je conçois la très douce aventure
J’ai peur du dard de feu de cette abeille Arcture
Qui posa dans mes mains des rayons décevants
Et prit son miel lunaire à la rose des vents
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Guillaume APOLLINAIRE
Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary de Wąż-Kostrowicki, est un écrivain français (né polonais, sujet de l’Empire russe), né le 26 août 1880 à Rome et mort le 9 novembre 1918 à Paris. C’est l’un des plus grands poètes français du début du XXe siècle, auteur notamment... [Lire la suite]
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Emmené par Chagall aux villages déments,
J’y trouve un tamanoir invisible et gourmand.
Il traverse la nuit avec un bruit d’abeille
Et vole les tonneaux pleins du jus de la treille.
En vain je le pourchasse en explorant le ciel,
Je lui propose en vain mes tartines de miel ;
Il me fuit, il se cache, il part à l’aventure,
Il me force à courir le long de la toiture,
Jusqu’à ce qu’au matin, par un tour décevant,
L’étrange tamanoir se change en éléphant.
J'ai jadis habité au milieu de déments
Dont les crânes sonnés par les médicaments
Hébergeaient ébahis des colonies d'abeilles
Nourries pour mieux rimer au raisin « pure treille ».
Un albatros humain toujours le nez au ciel
J'y connus : son cerveau faisait leur meilleur miel !
Un jour je consignrai ces moultes zaventures
Dans des livre imprimés sur des dos de factures.
En attendant je fais des rêves décevants,
Pleurant les jours de pluie, souffrant des nuits de vent...
Vibrations apicoles
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Une reine concocte un apéro dément
Pour enivrer cinq cent mille insectes gourmands ;
Cette troupe joyeuse applaudit les abeilles
Et, frénétiquement, bourdonne dans les treilles.
La rumeur de la fête anime terre et ciel,
Le monde s'éclaircit dans une odeur de miel,
Ceux qui savent voler volent à l'aventure,
Ceux qui savent courir arpentent les toitures.
Vraiment, cet apéro ne fut pas décevant,
S'en souviennent la pluie, le soleil et le vent.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/10/03/apollinaire-voit-des-astres/