Cité violette interdite
Elle est bâtie à l’image de Pei-king, capitale du Nord, sous un climat chaud à l’extrême ou plus froid que l’extrême froid.
À l’entour, les maisons des marchands, l’hôtellerie ouverte à tout le monde avec ses lits de passage ses mangeoires et ses fumiers.
En retrait, l’enceinte hautaine, la Conquérante aux âpres remparts, aux redans, aux châteaux d’angles pour mes bons défenseurs.
Au milieu, cette muraille rouge, réservant au petit nombre son carré d’amitié parfaite.
Mais, centrale, souterraine et supérieure, pleine de palais, de lotus, mes eaux mortes, d’eunuques et de porcelaines, — est ma Cité Violette interdite.
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Je ne la décris pas ; je ne la livre pas ; j’y accède par des voies inconnues. Unique, unique et solitaire, mâle étrange dans ce troupeau servant, je n’enseigne pas ma retraite : mes amis, si l’un d’eux songeait à l’Empire !
Or, j’ouvrirai la porte et Elle entrera, l’attendue, la toute-puissante et la tout inoffensive,
Pour régner, rire et chanter parmi mes palais, mes lotus, mes eaux mortes, mes eunuques et mes vases,
Pour, — la nuit où elle comprendra, — être doucement poussée dans un puits.
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Victor SEGALEN
Victor Segalen, né à Brest le 14 janvier 1878, mort le 21 mai 1919 à Huelgoat, est un poète, et aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue français. Après des études de médecine à l’École du service de santé des armées de Bordeaux, Victor Segalen est affecté en Polynésie française. Il n’aime pas la... [Lire la suite]
La ville-forteresse est régie par des codes dont nous n'avons pas idée.
Un explorateur l'avait parcourue furtivement, autrefois ; mais ses notes se perdirent.
Les femmes de la forteresse s'étant liguées pour lui offrir à boire à tour de rôle, il n'était d'ailleurs plus en état d'écrire la moindre ligne.
Plus son aventure se prolongea, plus il fut amené à jongler avec le chaos.
Il mélangea les notions, buta sur les synonymes, les homonymes, la sagesse antique et la pensée du Grand Analyste Mauve.
Retournant s'instruire auprès des gardiennes, il ne parvint pas à répondre à leurs innombrables questions sur sa vie intime. Il se perdit dans des jardins, admira des casse-dalle royaux, et demanda la clé des latrines (préoccupation assez courante chez les explorateurs).
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D'autres soirées, d'autres cérémonies officielles lui feront rencontrer de nouveaux informateurs.
Il nous offrira une méditation décousue et retravaillée, ou peut-être un traité naïf et subtil.
Ne soyons pas impatients.
Bonjour, j’ai un commentaire composé à faire sur ce poème mais je ne comprends rien