Chevelure
Dirait-on pas bombardé d’un sang de latérites
bel arbre nu
en déjà l’invincible départ vers on imagine un sabbat de splendeur
et de villes l’invincible et spacieux cri du coqInnocence qui ondoies
tous les sucs qui montent dans la luxure de la terre
tous les poisons que distillent les alambics nocturnes
dans l’involucré des malvacées
tous les tonnerres des saponaires
sont pareils à ces mots discordants écrits par l’incendie des bûchers
sur les oriflammes sublimes de ta révolteChevelure
flammes ingénues qui léchez un coeur insolite
la forêt se souviendra de l’eau et de l’aubier
comme moi je me souviens du museau attendri
des grands fleuves qui titubent comme des aveugles
la forêt se souvient que le dernier mot ne peut être
que le cri flambant de l’oiseau des ruines dans le bol de l’orage
Innocent qui va là
oublie de te rappeler
que le baobab est notre arbre
qu’il mal agite des bras si nains
qu’on le dirait un géant imbécile
et toi
séjour de mon insolence de mes tombes de mes trombes
crinière paquet de lianes espoir fort des naufragés
dors doucement au tronc méticuleux de mon étreinte ma femme
ma citadelle
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Aimé CÉSAIRE
Aimé Fernand David Césaire, est un poète et homme politique français de Martinique, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France. Il est l’un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu. Aimé Césaire faisait partie, d’une famille de sept... [Lire la suite]
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