Chemin de vers
Qu’est-ce qu’un scolopendre ? Il faut bien à tout prendre
Considérer la chose et ne pas s’y méprendre
C’est un alexandrin qui avance à fond’ train
Un gros vers à 12 pieds sur une allée sans rien
Il mesure l’exact mètre au moyen de ses doigts
Qui le sépare de son gîte de sa voie
La métrique est son fort c’est là toute sa foi
C’est un corps de poème, enjambement de lettres
Qui tire sa référence étire aussi ses guêtres
Qui tire sa révérence et aussi sur ses maîtres
Pour sûr pour ça il est roi de l’antanaclase
Et (ses pairs d’applaudir) expert en énallage
Il recule prend son élan prend son essor
Et crée l’enjambement partout où il surgit
Souvent femme varie à la rime il suffit
Souvent rime féminine à la fin suffit
Mais en cas de besoin le sexe devient fortAdulé par ses pairs, il ne fait pas d’impair
Et fredonne parfois gentiment de beaux airsAnophore euphorique, hémistiches à mes heurts
Qual versifex eo ! Poète je demeure
Qui a mis ces miasmes sur mon mince chemin ?
Pour qui sont ces anneaux ânonnant sur mes pieds ?Le ver ne peut partir que si toutes portières
-Et périssent au logis celles qui ne ferment pas-
Sont bel et bien fermées de son vermiculaire
Le ver ne peut partir que les rimes embrassées
Ou qu’à cela ne tienne que rimes concaténées
-Et périssologie si on répète une fois-
Au passage à niveau viendront les rimes croisées
Qui viennent toujours quand on ne les attend pas
E pericoloso sporgersi d’lla porte
Il doit rendre à césure ce qui lui appartient
De cantique en syllabes brave tous les dangers
S’il n’est docte, il connait au moins la métaphore
Ne se fait pas chapitrer sur la métabole
Il connaît ça par cœur sur tous les bouts de pieds
Pour sauver son poème à tout perdre il est prêt
Prend ses iambes à son cou et s’en va illico
Lorsqu’il fait une ballade, il doit faire le rond dos
Et lorsqu’il fait des stances il les fait en mono
D’un il se met en quatre et se met au sonnet
Dieu qu’il a de grands pieds c’est pour mieux t’embrasser
Et pour faire un sonnet, doit se mettre in-quarto
Pareil au nain prenant ses aises de titan
Il pratique l’antithèse à tout bout de champ
Quand il appuie un peu trop sur le champignon
Avec entrain il use de l’adynaton
Il confond paranoïa et paranomase
Volontiers lorsqu’il est de fatigue assoné
Il entonne un hommage aux antonomases
Tartuffe Harpagon Bercy ou Quai d’Orsay
Il ne crache pas non plus sur la périphrase
Même si celle-ci rallonge son trajetIl strophe et antistrophe et soudain fait une pause
Sans crier gare il stoppe en chemin et cause
Pour causer épiphore et pour l’antépiphore
Il strophe et antistrophe et soudain fait l’épode
Étroits sont ses anneaux il nous fait l’anastrophe
Trimètre tétramètre c’est là que le bât blesse
Et lorsque sa peau coupe il souffre d’apocope
Dans sa coalescence il croit voir un méd’cin
Étroits sont ses anneaux il menace de verset
Dans son odyssée ouïe violente synérèse
Au bord de la syncope fait signe de faiblesse
Immenses sont ses os et c’est la catastrophe
Déraillé sur le sol au milieu des fumées
Dans un encombrement d’acier et de vers blancs
Dans l’enchevêtrement de l’air et de l’airain
Ses écailles gênantes l’empêchent de siffler
L’anaconda lutte contre l’anacoluthe
Pour se remettre sur pieds et sur sa butte11=normalTout clairement dis-moi comment
Tant et pourquoi tu te tien coiIl voudrait faire la grève après la courte trêve
Il aimerait composer des vers léonins
Après cette trève il voudrait faire la grève
il en a assez des vers alexandrins
Après la grève et la trève accomplir ses rêves
Il voudrait composer des vers libres d’Orvet
Et pourquoi pas un vers orphéelin et unique?
Il laisse Alexandre pour Ennée
Mais tout ceci ne dure qu’un temps
Finis les ennuis à syllabe et les vers blancs
Et pourquoi pas tant qu’on y est treize à la douzaine ?
Et cent mille milliards de podes ?
Cela vous pose un homme
Cela vous pose un myriapode
Nom d’un petit bonhomme !
Pourquoi pas un calligramme d’or et vélin ?
et pourquoi pas la prose du Transsibérien ?
L’hendécasyllabe n’est pas mal non plus
« Car l’insecte armé de l’hendécasyllabe
Donne à sa lancée une valeur égale » +-M.Desbordes-Valmore
Même si son usage en est révolu
Mais mieux vaut douze que dix petits maigres
Qui peuvent vite virer au vinaigreHautain, il nous fait un huitain
Mais quand il est plus simple
Quand il redevient simple
Se contente d’un sizainMais tout ceci ne dure qu’un temps
Finis les ennuis à syllabes et les vers blancsC’est pourquoi notre scolopendre aime mieux les 12 pieds
En a assez des rimes pauvres et des friches
Même s’il faut tricher revendique des riches
Revendique des riches des rimes léonines
Veut renégocier les clauses du contrat
Les octosyllabes valent bien Vaugelas
Les vers de Racine ou Corneille qui persiflent
Car au lit terrassons tous ces serpents qui sifflent
Insolents l’assonance lors de la transhumance
De ces vers de Navarre de ces beaux vers de FranceEn chemin rencontre Madame myriapode
Pimpante et carénée à la dernière mode
Ils s’aiment éperdus dans la nuit qui les voile
Ils souffrent vers de terre amoureux d’une étoile (antithèse)
Entichés ils se taisent et remettent les voiles (+-Hugo)Calé en piges sur sa Vénus callipyge
Cet expert cabotin calé en calotines
A pour se déhancher centaines de bottinesAllo le ministre des Transports amoureux ?
C’est pour vous signaler que déjà ils sont deux
Et qu’ils se sont déjà emberlinefricotés
En se suivant l’un l’autre, ils ont fait un tercetIls se sont embrassés et ont fait un quatrain !
En jouant de leurs pieds ils ont fait du vilain
Ensemble ils pourraient faire un bon bout de chemin
Jusqu’au bout du tunnel qui marquera la …
FIN
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papillondelabrise
Nom : dubois
Prénom : arnaud
Naissance : 09/08/1965
Présentation : Si le coeur vous en dit, vous pouvez écouter mes improvisations et voir quelques unes de mes photos à ces adresses...
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