Chapelet
À moi, grand chapelet ! pour égrener mes plaintes,
Avec tous les Ave de Sa Perfeccion,
Son nom et tous les noms de ses Fêtes et Saintes…
Du Mardi-gras jusqu’à la Circoncicion :– Navaja-Dolorès-y-Crucificcion !…
– Le Christ avait au moins son éponge d’absinthe… –
Quand donc arriverai-je à ton Ascencion !…
– Isaac Laquedem, prête-moi ta complainte.– O Todas-las-Santas ! Tes vitres sont pareilles,
Secundum ordinem, à ces fonds de bouteilles
Qu’on casse à coups de trique à la Quasimodo…Mais, ô Quasimodo, tu ne viens pas encore ;
Pour casse-tête, hélas ! je n’ai que ma mandore…
– Se habla español : Paraque… raquando ?…
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
Charpentier suburbain
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Le fils du charpentier se tient, sans une plainte,
Dans un petit jardin, du côté de Bagneux,
Sous le regard ému de deux vestales saintes ;
À ses pieds, du gazon, certes parcimonieux.
Nul ne vient lui porter son éponge d'absinthe,
Nul ne croit qu'il dira des mots cérémonieux ;
La foi des promeneurs est plus ou moins éteinte,
Affublés qu'ils sont, tous, d'un bon sens besogneux.
Tout près passent les trains. Les voyageurs sommeillent
Ou bavardent entre eux, vidant quelques bouteilles,
Sans voir le charpentier (qui leur tourne le dos) :
Sauf quand, certains matins, se promène un rhapsode
Qui dans son pauvre coeur grave cet épisode,
Du quotidien banal écartant le rideau.