Chanson de la plus haute tour
Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent.Je me suis dit : laisse,
Et qu’on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t’arrête,
Auguste retraite.J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie ;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.Ainsi la prairie
A l’oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D’encens et d’ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.Ah ! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n’a que l’image
De la Notre-Dame !
Est-ce que l’on prie
La Vierge Marie ?Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent !
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Arthur RIMBAUD
Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille. Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus... [Lire la suite]
Pourquoi s'inquiéter
De l'oisiveté ?
Si le coeur s'inonde
De la joie du monde,
C'est alors le temps
Où ce coeur s'éprend.
Pagode
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Un édifice au loin se dresse,
Un démon dans son sous-sol vit ;
C’est lui qui les âmes ravit,
Qui les dérobe avec adresse.
Jadis, il eut de la tendresse,
Lui qui la vestale suivit ;
Mais, comme il en fut asservi,
Son coeur a maudit la traîtresse.
En vain lui parla Notre Dame
Pour tenter d’apaiser son âme ;
De tout amour il était veuf.
Prends donc garde à cet être louche ;
Il t’assommera, s’il te touche,
Comme un boucher assomme un boeuf.