Chanson de fou (II)
Je les ai vus, je les ai vus,
Ils passaient, par les sentes,
Avec leurs yeux, comme des fentes,
Et leurs barbes, comme du chanvre.Deux bras de paille,
Un dos de foin,
Blessés, troués, disjoints,
Ils s’en venaient des loins,
Comme d’une bataille.Un chapeau mou sur leur oreille,
Un habit vert comme l’oseille ;
Ils étaient deux, ils étaient trois,
J’en ai vu dix, qui revenaient du bois.L’un d’eux a pris mon âme
Et mon âme comme une cloche
Vibre en sa poche.L’autre a pris ma peau
- Ne le dites à personne -
Ma peau de vieux tambour
Qui sonne.Un paysan est survenu
Qui nous piqua dans le sol nu,
Eux tous et moi, vieilles défroques,
Dont les enfants se moquent.
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Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
- J'ai cru à tout jamais notre joie engourdie
- Les Meules qui Brûlent
- Les Vêpres
- Les Saints, les Morts, les Arbres et le Vent
- Sois-nous propice et consolante encor...
- L'Ombre est Lustrale et l'Aurore Irisée
- Si d'autres fleurs décorent la maison
- La glycine est fanée et morte est...
- Le clair jardin c'est la santé
- Que nous sommes encor heureux et fiers de...
Connus comme deux loups blancs
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Je vous ai vus ! Je vous ai vus !
Votre fourrure est toute blanche,
Vous marchez sans casser les branches,
Loups blancs ! Je vous ai reconnus.
Souvent, vous dressez les oreilles,
Vous êtes deux, et non pas trois,
La faim vous fait saillir du bois,
Mais vous ne mangez pas d’oseille.
Un grand corbeau est survenu,
Combien blanche était sa défroque !
Ses cris aux vôtres s’entrechoquent,
L’écho les rend par le menu.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2016/06/12/connus-comme-deux-loups-blancs/