Chanson
Plus subtile oeuvre tirée
Ne fut onc de soie ou d’or
Qu’est votre tresse dorée
De beauté riche trésor
Oncq’ amour plus sûrement
Ne tendit ses lacs ailleurs
Pour s’y celer cautement
Et surprendre mille coeurs.
La belle douce lumière
Qui luit dessous votre front
Semble l’étoile première
Qui l’ombre de la nuit rompt
Oncques d’un astre plus beau
Amour son brandon n’éprit,
Ni plus honnête flambeau
Pour rallumer un esprit.
A votre bouche ressemble
Un corail, qui tient fermés
Deux rangs de perles ensemble
D’ambre et de musc parfumés
Amour ne peut mieux choisir
Pour donner commencement
A un amoureux désir
Et le forcer doucement.
De la plus vermeille aurore,
Guide d’un soleil serein
Qui de blancheur se colore,
Vous est prêté ce beau teint
Amour oncques ne trouva
Un objet plus gracieux
Par lequel il éprouva
Comme il doit gagner les yeux.
D’Arachné ou de Minerve
Se prit votre belle main,
Qui tient la liberté serve
Et le coeur étreint au sein
Ce naeud gracieux et fort
A l’amour avez prêté,
Pour, contre tout autre effort,
Contraindre une volonté.
La contenance et la grâce
Peinte en votre gravité
Représente au vif la face
De la même majesté
Amour vous doit ressembler
Quand voletant par les lieux
Il fait dessous soi trembler
Et les hommes et les dieux.
Or cette beauté tant belle
N’eût jamais su toutefois
Ranger mon esprit rebelle
Sous les amoureuses lois,
Car déjà pour autre objet
Ayant souffert mille morts,
Il fuyait d’être sujet
A toutes beautés du corps.
Votre esprit qui en Parnasse
But tant de votre liqueur
Qu’il tient la dixième place
De l’Éliconien choeur,
C’est ce que j’ai admiré
Et qui tant m’attire à soi
Qu’aux mains d’amour j’ai juré
Une inviolable foi.
Lui, d’une éternelle source,
Éternel toujours vivra,
Mon amour de même course
Éternel donc le fuira
Et si vraie est la fureur
Dont Phébus le coeur me point,
Votre esprit, ni mon ardeur,
Ni mes vers ne mourront point.
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Pontus de TYARD
Pontus de Tyard (ou de Thiard), seigneur de Bissy, est un écrivain et poète français, né le 20 avril 1521 à Bissy-sur-Fley dans le Chalonnais et mort le 23 septembre 1605 au château de Bragny-sur-Saône. Né à Bissy-sur-Fley en 1521, d’une maison noble de Bourgogne, Pontus de Tyard aura su au cours de sa longue vie... [Lire la suite]
- Sonnet
- Épigramme de la fontaine de Narcisse
- Père du doux repos, Sommeil, père du Songe
- A cet anneau parfait en forme ronde
- O calme nuit, qui doucement compose
- Disgrâce
- L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse
- En contemplation de Dame Louise Labé
- Après qu'Amour par trop mortelle atteinte
- Fortune enfin piteuse à mon tourment
- Puisque je vois que mes afflictions
- Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
- Quand elle vit à la Mort déployer
- Bien que Fortune en haut degré te range
- Pourrai-je bien sans toi, ma chère guide
- Oeil éloigné du Jour, qui te recrée
- Quand près de toi le travail je repose
- J'ai tant crié, ô douce Mort, renverse
- Pere divin, sapience eternelle
- Chanson
- Au premier trait, que mon oeil rencontra (4)
- Fortune enfin piteuse à mon tourment (4)
- O calme nuit, qui doucement compose (3)
- En contemplation de Dame Louise Labé (2)
- Je fumais tout en mon fort soupirer (2)
- L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse (2)
- Pere divin, sapience eternelle (2)
- Père du doux repos, Sommeil, père du Songe (2)
- Quand près de toi le travail je repose (2)
- Épigramme de la fontaine de Narcisse (1)
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