C’était en juin, dans le jardin
C’était en juin, dans le jardin,
C’était notre heure et notre jour ;
Et nos yeux regardaient, avec un tel amour,
Les choses,
Qu’il nous semblait que doucement s’ouvraient
Et nous voyaient et nous aimaient
Les roses.Le ciel était plus pur qu’il ne le fut jamais :
Les insectes et les oiseaux
Volaient dans l’or et dans la joie
D’un air frêle comme la soie ;
Et nos baisers étalent si beaux
Qu’ils exaltaient et la lumière et les oiseaux.On eût dit un bonheur qui tout à coup s’azure
Et veut le ciel entier pour resplendir ;
Toute la vie entrait, par de douces brisures,
Dans notre être, pour le grandir.Et ce n’étaient que cris invocatoires,
Et fous élans et prières et voeux,
Et le besoin, soudain, de recréer des dieux,
Afin de croire.
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Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
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