Cauchemar
J’ai vu passer dans mon rêve
- Tel l’ouragan sur la grève, -
D’une main tenant un glaive
Et de l’autre un sablier,
Ce cavalierDes ballades d’Allemagne
Qu’à travers ville et campagne,
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
Un étalonRouge-flamme et noir d’ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne,
Ni hop ! ni cravache, entraîne
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !Un grand feutre à longue plume
Ombrait son oeil qui s’allume
Et s’éteint. Tel, dans la brume,
Éclate et meurt l’éclair bleu
D’une arme à feu.Comme l’aile d’une orfraie
Qu’un subit orage effraie,
Par l’air que la neige raie,
Son manteau se soulevant
Claquait au vent,Et montrait d’un air de gloire
Un torse d’ombre et d’ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.
Poème préféré des membres
JulienALBESSARD a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
Cavalier d'or et d'argent
----------------------
Je te trouve dérangeant,
Cavalier d'or et d'argent :
On ne sait ce qui t'anime,
Dans quel but, à quoi ça rime.
C'est peut-être Charlemagne
Qui t'avait mis en campagne ;
À présent l'empereur dort,
Cavalier d'argent et d'or.
Ne danse plus dans la brume,
Tu pourrais perdre des plumes :
Le temps n'est plus aux combats,
Sors ta pipe et ton tabac.