Poème 'Cauchemar' de Paul VERLAINE dans 'Poèmes saturniens'

Cauchemar

Paul VERLAINE
Recueil : "Poèmes saturniens"

J’ai vu passer dans mon rêve
- Tel l’ouragan sur la grève, -
D’une main tenant un glaive
Et de l’autre un sablier,
Ce cavalier

Des ballades d’Allemagne
Qu’à travers ville et campagne,
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
Un étalon

Rouge-flamme et noir d’ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne,
Ni hop ! ni cravache, entraîne
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !

Un grand feutre à longue plume
Ombrait son oeil qui s’allume
Et s’éteint. Tel, dans la brume,
Éclate et meurt l’éclair bleu
D’une arme à feu.

Comme l’aile d’une orfraie
Qu’un subit orage effraie,
Par l’air que la neige raie,
Son manteau se soulevant
Claquait au vent,

Et montrait d’un air de gloire
Un torse d’ombre et d’ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.

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Commentaires

  1. Cavalier d'or et d'argent
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    Je te trouve dérangeant,
    Cavalier d'or et d'argent :
    On ne sait ce qui t'anime,
    Dans quel but, à quoi ça rime.

    C'est peut-être Charlemagne
    Qui t'avait mis en campagne ;
    À présent l'empereur dort,
    Cavalier d'argent et d'or.

    Ne danse plus dans la brume,
    Tu pourrais perdre des plumes :
    Le temps n'est plus aux combats,
    Sors ta pipe et ton tabac.

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