Bouquetière
Un maître, de qui la palette
Se plaisait aux sombres couleurs,
A peint un élégant squelette
Portant un frais panier de fleurs.Près de lui la danse macabre,
Comme les plis d’un noir drapeau,
Ondoie ; et reîtres à grand sabre,
Écoliers la pipe au chapeau,Moines chauves, rois lourds d’hermine,
Bourgeois à ventres de bedeaux,
Mendiants fiers de leur vermine,
L’emplâtre à l’œil, la loque au dos,Tous passent, enlaçant des filles,
Ou marchant d’un air rogue et sec,
Ou clochetant sur des béquilles,
Au son du fifre et du rebec.Pourtant la bande tout entière
Suspend sa danse et son caquet
Devant la maigre bouquetière,
Et chacun lui prend un bouquet.Vieil artiste mélancolique,
Quels sont ces fous ? Dans quel dessein
Cachent-ils comme une relique
Ces fleurs mortelles dans leur sein ?Je ne sais. Mais sur ma poitrine,
Souvenir des amours défunts,
Une fleur jadis purpurine
A vécu ses derniers parfums.Ainsi qu’on fait d une amulette,
Je la garde là, mais j’en meurs :
Et je songe au morne squelette
Prodiguant ses funèbres fleurs.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
François COPPÉE
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français. Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète du souvenir d’une première rencontre... [Lire la suite]
- Récits épiques - La Réponse de la Terre
- À Brizeux
- Sept ballades de bonne foi - Ballade du...
- Récits épiques - Blasphème et Prière
- Chant de Guerre Ciracassien
- À l'Empereur Frédéric III
- Préface d'un livre patriotique
- Sérénade au milieu d'une fête
- Au fond je suis resté naïf, et mon...
- Jeunes filles - Souvenir du Danemark
Mais on peut préférer les vivants aux squelettes.