Bonsoir
Et vous viendrez alors, imbécile caillette,
Taper dans ce miroir clignant qui se paillette
D’un éclis d’or, accroc de l’astre jaune, éteint.
Vous verrez un bijou dans cet éclat de tain.Vous viendrez à cet homme, à son reflet mièvre
Sans chaleur… Mais, au jour qu’il dardait la fièvre,
Vous n’avez rien senti, vous qui – midi passé –
Tombez dans ce rayon tombant qu’il a laissé.Lui ne vous connaît plus, Vous, l’Ombre déjà vue,
Vous qu’il avait couchée en son ciel toute nue,
Quand il était un Dieu !… Tout cela – n’en faut plus. –Croyez – Mais lui n’a plus ce mirage qui leurre.
Pleurez – Mais il n’a plus cette corde qui pleure.
Ses chants… – C’était d’un autre ; il ne les a pas lus.
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
Leoromulus et Remusleo
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Ils furent en conflit pour la prise d’un lièvre ;
Était-ce dans le Var, était-ce dans la Nièvre ?
L’antagonisme ancien ne s’est jamais éteint,
Car ils se sont maudits en grec et en latin.
Or, ces deux sont des lions, pas des bestioles mièvres,
Ils se sont combattus dans l’ardeur et la fièvre,
La bataille dura du soir jusqu’au matin,
Sans qu’on en vît surgir d’avantage certain.
Le sang coulait à flots, la mort était en vue,
Leur corps était meurtri et leur âme était nue ;
Ils s’enfuirent tous deux, qui sait à quel désert.
Et depuis ce temps-là, chacun des deux se leurre,
Croyant que l’autre lion sur sa défaite pleure ;
Au mitan du jardin triomphe un serpent vert.