Bohême de chic
Ne m’offrez pas un trône !
À moi tout seul je fris,
Drôle, en ma sauce jaune
De chic et de mépris.Que les bottes vernies
Pleuvent du paradis,
Avec des parapluies…
Moi, va-nu-pieds, j’en ris !— Plate époque râpée,
Où chacun a du bien ;
Où, cuistre sans épée,
Le vaurien ne vaut rien !Papa, — pou, mais honnête, —
M’a laissé quelques sous,
Dont j’ai fait quelque dette,
Pour me payer des poux !Son habit, mis en perce,
M’a fait de beaux haillons
Que le soleil traverse ;
Mes trous sont des rayonsDans mon chapeau, la lune
Brille à travers les trous,
Bête et vierge comme une
Pièce de cent sous !— Gentilhomme !… à trois queues :
Mon nom mal ramassé
Se perd à bien des lieues
Au diable du passé !Mon blason, — pas bégueule,
Est, comme moi, faquin :
— Nous bandons à la gueule,
Fond troué d’arlequin. —Je pose aux devantures
Où je lis : — DÉFENDU
DE POSER DES ORDURES —
Roide comme un pendu !Clignotte entre mes yeux.
Ma Muse est grise ou blonde….
Je l’aime et ne sais pas ;
Elle est à tout le monde….
Mais — moi seul — je la bats !À moi ma Chair-de-poule !
À toi ! Suis-je pas beau,
Quand mon baiser te roule
À crû dans mon manteau !…Je ris comme une folle
Et sens mal aux cheveux,
Quand ta chair fraîche colle
Contre mon cuir lépreux !
Et me plante sans gêne
Dans le plat du hasard,
Comme un couteau sans gaine
Dans un plat d’épinard.Je lève haut la cuisse
Aux bornes que je voi :
Potence, pavé, suisse,
Fille, priape ou roi !Quand, sans tambour ni flûte.
Un servile estafier
Au violon me culbute,
Je me sens libre et fier !…Et je laisse la vie
Pleuvoir sans me mouiller.
En attendant l’envie
De me faire empailler.— Je dors sous ma calotte,
La calotte des cieux ;
Et l’étoile palotte
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
Bottes royales
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Le roi pour chevaucher quitte ses chaussons verts,
Il fait un grand sourire à la jument clémente ;
Il a glissé ses pieds dans des bottes charmantes,
Paisible est ce terroir, nul conflit n’est ouvert.
Les sujets, que jamais ce bon roi ne tourmente,
L’aiment pour sa candeur et pour son regard clair ;
Ils tirent leur chapeau quand il va prendre l’air
Escorté par la reine ou bien par son amante.
Les vassaux sont présents, sous leurs nobles drapeaux,
Ainsi que les patrons des plus sombres tripots ;
Un barde solitaire à chanter s’évertue
Les flics du patelin n’ont pas trop de boulot,
Nous les voyons flâner dans un bois de bouleaux ;
On est loin des endroits où les gens s’entretuent.
Ruse féline
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À propos de bottes
L'ogre se fat pigeonner,
Un chat le dévore.
Train de sénateurs
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Pour administrer
L'Empire en forme de botte,
D'excellents vieillards.