Bien peu de cœurs sont désirants
Anna de NOAILLES
Recueil : "Poème de l'amour"
Bien peu de cœurs sont désirants,
Un tiède destin les rassure,
Ils goûtent les faibles mesures,
Les jours égaux, prévus et francs,
L’avenir calme et sans ardeur.— Il faut plaindre les donateurs !
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Anna de NOAILLES
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, est une poétesse et romancière française, d’origine roumaine, née à Paris le 15 novembre 1876 et morte à Paris le 30 avril 1933. Née à Paris, descendante des familles de boyards Bibescu et Craioveşti de Roumanie, elle est la fille du... [Lire la suite]
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- Nos maux nous ont tués; si nous vivons encor
- Je ne puis jamais reposer
- La jeunesse (3)
- Tu as ta force, j'ai ma ruse (3)
- L'amour, vorace et triste, en son humble... (3)
- Le Jardin et la Maison (2)
- Le Cœur (2)
- Le Temps de vivre (2)
- J'ai travesti, pour te complaire (2)
- Que crains-tu ? L'excès ? l'abondance (2)
- Pourquoi ce besoin fort et triste (2)
- On est bon si l'on est tranquille (2)
Mes yeux ne savent voir plus loin que l’horizon.
Mon labeur quotidien, mes simples habitudes,
Tout en moi, comme aux temps lointains de solitude,
Par coutume est réglé, plutôt que par raison.
La routine en ce monde a bâti sa maison
Sur la bonne surface, à la bonne altitude,
Appliquant à cela des lois de finitude,
Comme, devenant vieux, souvent, nous les prisons.
Même pendant le temps dévolu au transport,
Franchissant, sans montrer le moindre passeport,
Maintes démarcations, limites ou frontières,
Je n’ai pas l’impression de quitter le couloir
Où se trouve rangé ce que je peux vouloir :
Une horloge régit mon existence entière.
Voyant plus haut que l’horizon
bornant nos vieilles solitudes
et nos plus tristes habitudes
le poète a cent fois raison...
Quitte l’ancestrale maison
et vois prenant de l'altitude
combien il est d’infinitudes
après brisé-ye la prison...
Le banal ticket de transport
ou mieux un francilien passport
ouvre au voyageur cinq frontières...
Ne te perds plus en vains couloirs
la Zone Six du RER
il suffit de la fort vouloir...